Le parti abandonne la référence au nord et s’appellera simplement « La Ligue ». Cela confirme la stratégie de son leader Matteo Salvini pour prendre la tête de la coalition des partis de droite pour les élections programmées en 2018 : devenir un parti national qui présente des candidats dans toute l’Italie, avec un programme xénophobe et anti-Union européenne sur le modèle du Front national.

La Ligue du Nord veut sortir de ses frontières. Le parti créé en 1991 par Umberto Bossi pour obtenir l’indépendance du Nord de l’Italie, a décidé ce vendredi lors d’un conseil fédéral un tournant historique. Aux prochaines élections législatives, programmées au plus tard au printemps, la Ligue du Nord (LN) présentera des candidats dans toute la Péninsule, et non plus dans les seules régions septentrionales de l’Italie (1). Pour ce, le nom de la Ligue du Nord sera raccourci pour s’appeler simplement « la Ligue», en ôtant donc toute référence au Nord.

Le but, selon le secrétaire de la LN, Matteo Salvini, est de s’adresser donc aux « 65 millions d’Italiens qui, je pense, ont hâte de voter ».

Cette révolution est la suite logique de l’évolution prise par l’organisation depuis qu’en 2013 Matteo Salvini en a pris les rênes. La rhétorique anti-immigrés et anti-Union européenne a pris une place prépondérante dans le discours de la Ligue du Nord, au détriment de la vieille revendication d’indépendance de la Padanie et d’une lutte contre « Rome la voleuse » qui pille les ressources du Nord de l’Italie.

Cet abandon n’est pas sans faire grincer des dents chez les fondateurs de LN : Umberto Bossi est allé jusqu’à qualifier le tournant nationaliste de Salvini de « fasciste ». Pour garder le lien avec les anciens, Salvini articule son nationalisme avec le fédéralisme. Il revendique un transfert important de compétences de l’États central vers les régions, qu’elle soit au Nord ou au Sud de la Péninsule. Cela doit permettre d’en finir avec la solidarité nationale, cible historique de la Ligue du Nord, et de promettre des baisses d’impôts.

Ce tournant est également le fruit d’une lutte pour le leadership à droite. Depuis les années 1990, les berlusconiens de Forza Italia et la Ligue du Nord forment une coalition. Or, dans les sondages, celle-ci est créditée de 35%, ce qui la place devant la coalition de centre-gauche autour du Parti démocrate et au-dessus des démagogues du Mouvement cinq étoiles. Jusqu’alors, les berlusconiens régnaient en maîtres et la LN était une force d’appoint. Ce n’est plus le cas. La Ligue du Nord, créditée de 16% d’intentions de vote espère damer le pion des berlusconiens. En se présentant au sud de l’Italie, elle entend encore progresser au détriment de Forza Italia, évalué selon les sondages à 15% des voix.

(1) Piémont, Lombardie, Frioul-Vénétie-Julienne, Val-d’Aoste, Vénétie et Émilie-Romagne

Le plus vieux parti d’Italie

Lors des dernières élections législatives, en 2013, la Ligue du Nord était le seul parti à se présenter aux votants avec le même nom et le même logo depuis vingt-deux ans. En effet, les berlusconiens ont changé plusieurs fois d’étiquette, se regroupant sous l’appellation de Forza Italia entre 1994 et 2009, puis Peuple de la liberté entre 2009 et 2013, avant de revenir à Forza Italia depuis.

Au centre-gauche, le Parti démocrate est issu de la fusion en 2007 des Démocrates de gauche (ex-PCI) et de la Marguerite (démocrate-chrétiens de gauche). À la gauche de la gauche, le Parti de la refondation communiste et le Parti communiste italien (ex-PdCI) se sont présentés au gré des scrutins seuls ou au sein de coalitions portant des noms différents.

Gaël De Santis

journaliste

http://www.humanite.fr/

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