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Par Anonyme, le 19.11.2025
salutations s'il fallait parler de toutes les horreurs actuelles, cela ferait un sacré bouquin
cordialement
Par pat, le 10.11.2025
et pour les chrétiens massacrés en terre musulmane; on fait quoi ???? http://arbraca mes.centerblog .net
Par pat, le 09.05.2025
entierement d'accord ..... http://arbraca mes.centerblog .net
Par pat, le 09.05.2025
encore un fameux rigolo ............. la france est perdue ce n'est plus qu'une question de temps .... http://
Par pat, le 09.05.2025
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Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour :
24.11.2025
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Entre actions performatives, participation active et interactive au sein du mouvement social, les travailleurs et travailleuses de l’art s’opposent à la réforme en cours. Ils sont plus que solidaires et tiennent à le faire savoir. En mots, en musique, en danse et en images.
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Un texte de Vera Baboun, ancienne maire de Bethlehem, Bertrand Gaufryau, chef d’établissement, Jacques Gaillot, évêque de Partenia, Gabriel Ringlet, prêtre et écrivain. Tous les quatre citoyens du monde, d’ici et d’ailleurs.
Pour sa 18e édition le festival Les nuits del Catet programme quinze rencontres artistiques dans quatre lieux différents. Il invite le public à découvrir cette région viticole et à s'abreuver de culture.
Ode aux migrants, amour de la poésie, hommage à Jacques Higelin...Le 15 septembre, sur la Grande Scène, le concert de Bernard Lavilliers promet d’être fort en émotion. Rencontre autour de « 5 Minutes au paradis », un album marqué par les drames de notre époque.
Votre dernier album « 5 Minutes au paradis » évoque des thèmes parfois très sombres, comme les attentats de Paris ou le drame des réfugiés. Comment expliquez-vous votre besoin d’ancrer vos chansons dans le réel ?
À part ceux qui ne voulaient pas savoir, le réel nous a bien pris. Les attentats, on peut tenter de les analyser comme on veut, en attendant, il y en a eu plusieurs à la suite. Le 14 juillet, la veille du jour où j’ai fait une création autour de mon album « Pouvoirs » (1979) au festival des Francofolies de La Rochelle, il y a eu l’attentat de Nice. C’était il y a deux ans. Il ne faudrait pas s’y habituer. « 5 Minutes au paradis », c’est l’histoire des marchands d’armes qui se sont fait du gras sur toutes les guerres civiles ou plus ou moins mondiales d’ailleurs, on ne sait pas trop. Le thème de cet album est en réalité plus noir que sombre. Le titre pourrait presque être celui d’un roman noir.
D’où viennent la révolte et la conscience qui vous animent ?
C’est très simple, je chante ce que je ressens. J’ai fait une chanson, « Croisières méditerranéennes », celles qu’on voit partir du port de Marseille, où j’ai chanté souvent. Ce sont des paquebots impressionnants de quinze ou vingt étages de haut, qui étaient sur les mêmes lignes de nage que les Zodiac pourris chargés de réfugiés. J’ai imaginé que ces paquebots de croisière tout blancs aux prix spéciaux pour les couples qui partent visiter les îles grecques ou italiennes ont pu croiser sur leur route des naufragés de l’exil. Le titre « Croisières méditerranéennes » est ironique, parce que ceux dont je parle ne sont pas sur les croisières Costa. Je suis associé à SOS Méditerranée, que je soutiens depuis le début. Parmi mes nouvelles chansons, elle est celle qui résonne le plus en ce moment. Je chante ce thème d’une voix assez douce, un peu comme un crooner. Ce qui enlève le côté pathos de ce que je raconte. Les mecs qui sont derrière des barbelés du côté des pays des Balkans pensaient peut-être que l’Europe serait plus accueillante. On parle d’eux comme de migrants en laissant croire qu’ils vont nous envahir. Pour moi, ce sont des réfugiés ou des exilés non volontaires.
Que pensez-vous de cette Europe qui se referme de plus en plus ?
C’est toujours le même principe : une espèce de protection absolument infernale des frontières françaises et de l’Europe. Il ne faut pas mélanger les Italiens avec le gouvernement actuel de l’Italie, qui est une sorte de compilation de démocrates-chrétiens, de populistes et de gens d’extrême droite, à l’image du ministre de l’Intérieur, qui ne veut plus que l’« Aquarius » ni aucun bateau n’accoste sur les rives du pays. Cela dit, nous, on n’a jamais reçu le bateau en direct dans les ports méditerranéens de France. Je chante cette chanson avec toute la conviction que j’ai, pour dire l’horreur que vivent ces gens. Il paraît qu’il y a 40 000 personnes au fond de la Méditerranée. Mais je n’avais pas envie de le chanter d’une façon tragique. J’ai essayé d’en faire un poème.
Vous êtes en tournée depuis presque un an. Que ressentez-vous de la France d’aujourd’hui ?
Cela dépend des endroits. Je fais encore plus de public que la dernière fois. Le fait que je n’aie jamais retourné ma veste, cela doit compter aussi. Entre-temps, j’ai eu l’occasion de faire quelques concerts de soutien à l’usine Ford de Blanquefort, à côté de Bordeaux, où les mecs perdent leur emploi. Une usine de 900 employés qui fabriquent des boîtes de vitesses pour automobiles. Ils ont les mêmes problèmes que dans d’autres endroits où on licencie pour que cela coûte moins cher.
D’où la résonance d’une chanson comme « les Mains d’or », que vous avez écrite il y a près de vingt ans, où vous traitiez déjà du chômage…
Cette chanson, où je parle des travailleurs de l’acier qui perdaient leur boulot, n’est plus catégorielle. C’est une sorte d’hymne venu par les concerts et non par la radio. Cette chanson est arrivée par le peuple lui-même, ce que je trouve assez génial. Cela me fait penser à la Fête de l’Humanité, où j’ai dû jouer pour la première fois avec Mino Cinelu, en formule guitare et percussion, au stand d’Ivry-sur-Seine ou de Vitry. J’y suis revenu deux ans après, en 1976, avec déjà une partie de mon groupe, ensuite on a fait la Grande Scène plusieurs fois. C’est une grande fête populaire et culturelle que j’aime beaucoup. Il y a des gens de tous horizons qu’on découvre à la Fête de l’Huma.
Vous êtes né à Saint-Étienne dans une famille ouvrière. La musique et la poésie, ça a été un moyen de changer de décor, de rêver ?
Je pense que pour tout le monde la poésie est un moyen de voyager. J’ai lu des poètes voyageurs très tôt grâce à ma mère, qui était une grande admiratrice de Baudelaire. J’ai commencé à voyager avec la poésie et la musique, qui m’ont permis de garder une lumière. Que ce soit une poésie très rapide comme celle de Prévert ou de Cendrars, qui utilisent des phrases courtes, d’Aragon, quand il est devenu classique, qui avait des phrases beaucoup plus longues, ou Pablo Neruda. Quand on baigne là-dedans, sans que l’on devienne nécessairement un artiste ou un auteur de chansons, c’est une force et une chance.
Votre concert à La Courneuve va être un grand moment. Quel message avez-vous envie d’adresser au public de la Fête ?
La Fête de l’Huma, c’est comme une grande maison de la culture. Je dirais qu’il faut rester vigilant et défendre la culture pour rester vivant. L’identité, dont tout le monde parle, elle passe par là. Cela ne veut pas dire se replier sur soi et fermer les frontières. C’est pour cette raison que je suis d’accord avec les artistes qui défendent la langue française comme le groupe Feu ! Chatterton, qui chante en français du rock’n’roll. Je trouve ça intéressant. À la fin de mon concert sur la Grande Scène, je vais, à la demande de la Fête de l’Humanité, annoncer un spectacle hommage à Jacques Higelin. Ça va être un moment chargé en émotion. Jacques, qui était mon ami et qui commence terriblement à me manquer.
Concert le 15 septembre, Fête de l’Humanité, Grande Scène.
On peut voir à Antraigues une exposition rare, du 3 au 15 août, sous le titre : « Portraits, peintures, et dessins d’Allain ».
Allain, comme on dit ici, au pays de la Volane, hante la contrée. Pas seulement parce qu’il y est disparu il y a sept ans. C’est l’artiste, l’ami, le citoyen qu’aime ce périmètre. Qui prend le nom, pour la circonstance, de « pays d’Antraigues » regroupant des villages volontaires quitte à absorber la ville d’Aubenas. Cœur battant d’une mémoire vivante : Jean Ferrat.
Avec une « Maison » qui porte son nom et qui s’en veut, avec Colette, la digne héritière. Chaque année, les fêtes d’été prennent de la hauteur. L’altitude 2018 est celle d’Allain Leprest dont on ne cesse de découvrir la montagne des talents : le chanteur, le poète, l’homme de parole. Le 11 août prochain, une soirée exceptionnelle réunira Jean Guidoni, Romain Didier, Enzo Enzo. Suivie, le lendemain, d’un concert de Fancesca Solleville.
Leprest était de toutes les audaces. Il a écrit pour la fête de l’Humanité une « Ode à Claude », ode pour Nougaro disparu auquel le liait une rare amitié. Il en fit avec un autre compagnon du toulousain, Bernard Lubat, un spectacle mémorable. Et, voici, inédit pour beaucoup, le peintre Leprest. Par miracle, encore, de l’amitié, un photographe, Rémi Lebret, a saisi à la demande de leur auteur, ces peintures, sauvages comme tout ce qu’il faisait.
Ces réfugiés qui mettent le monde en vers (5/5) Créé à Paris en septembre 2017 par la metteuse en scène Judith Depaule, l’Atelier des artistes en exil est devenu le lieu de ralliement de quelque deux cents créateurs réfugiés ou demandeurs d’asile. Cette semaine, l’Humanité raconte l’histoire de cinq d’entre eux. Cinq poètes – quatre hommes et une femme – dont nous publions une œuvre. Aujourd’hui, rencontre avec Mohammed Issa, poète et journaliste kurde d’Irak, en France depuis 2016.
«Quand j’étais petit, je n’allais pas à l’école. Je suivais mon père dans les montagnes. Il était peshmerga et avait combattu contre Saddam. Il était aussi journaliste. C’est lui qui m’a tout appris. La politique, les langues… » Assis dans une salle de montage de l’Atelier des artistes en exil, Mohammed Issa, kurde irakien de 25 ans, retrace les premières années de sa vie. « C’est aussi lui qui m’a donné le goût de la lecture… J’ai découvert les romans français et je dévorais tous les livres qui parlaient de journalisme. » Fort de ce bagage, l’autodidacte réussit à l’aube des années 2010 à entrer à l’université de Bagdad pour étudier le cinéma. Mais très vite, la politique le rattrape. « J’étais kurde et je ne pouvais pas me taire. Avec des amis étudiants, on a commencé à organiser tous les vendredis des manifestations antirégime. » À cette époque, la tension entre chiites au pouvoir et sunnites est au plus fort, et des éléments religieux pénètrent le mouvement. « Il y a d’abord eu des sadristes puis des types d’Asa’ib Ahl Al-Haq (la ligue des vertueux), qui rêvent de fonder une version irakienne de la République islamique d’Iran ! » Ses nervis s’en prennent physiquement à Mohammed, qui ne se considère pas comme religieux.
« J’ai reçu des menaces de mort via Internet »« Je rêve qu’un jour, l’Irak soit débarrassé de l’antagonisme chiite-sunnite. J’ai écrit sur un blog tout ce que je pensais de Qais Al Khazali, fondateur de ce mouvement, et j’ai reçu des menaces de mort. » Mohammed Issa est contraint de partir. Il retourne dans ses montagnes dans le Kurdistan irakien. « Nous sommes en 2015 et Daech est déjà là. J’ai rejoint les peshmergas. » Le jeune homme participe aux batailles de Jaloula, Kara Taba, Kirkouk, Tal Ward et Makhmour. « Puis je suis parti en Syrie, à Kobané. » Il en reviendra avec une balle dans le bras. Après un an de combats, Mohammed décide de se poser. « Je me sentais très déprimé. Pourquoi je faisais la guerre ? Je n’étais pas né pour faire cela, ce n’était pas mon travail. Alors je me suis mis à écrire : de la poésie, quelques articles et puis, début 2016, voyant que je n’avais aucun avenir, j’ai décidé de fuir le pays. »
Pendant un an, Mohammed traverse l’Europe à pied : la Turquie, la Bulgarie, la Hongrie, la Serbie et enfin l’Allemagne. Là-bas, avec 600 autres réfugiés, il bénéficie du plan Merkel et est redirigé vers le consulat de France. « J’ai eu les papiers relativement vite mais je suis arrivé en France juste après le drame du Bataclan. Avec un nom arabe, c’est pas facile. » À Paris pourtant, c’est Mohammed qui se sent en danger. « J’ai reçu des menaces de mort via Internet. Regardez ce qui s’est passé avec les trois filles du PKK assassinées ici même, dans la capitale ? » Pour exorciser ses peurs, le jeune artiste se concentre sur la poésie et ses études de cinéma à la Sorbonne. « Je suis en train de réaliser mon premier court métrage. » Le thème ? L’histoire d’un enfant qui pensait que Dieu était un métier !
Dieu et ses anges ont réuni la féminité
dans l’âme de celle que j’aime
Tes yeux sont deux Damascènes et mes yeux sont deux Bagdadiennes
Comme deux mers séparées par un isthme qui se rencontrent quand même
La religion est une maladie héréditaire qu’on ne sait toujours pas soigner
Dix enfants sont entrés à la mosquée (pour apprendre le Coran), 20 ans plus tard
5 d’entre eux passent le plus clair de leur temps dans des boîtes de nuit
4 autres se sont fait exploser au milieu d’une foule de gens
1 seul est un honnête homme qui dort dans la rue.
Alors que vient de lui être consacré un remarquable Cahier de l’Herne et qu’il fait paraître un nouveau texte d’intervention, Ressources du christianisme, le philosophe du détour par la pensée chinoise invite à repenser l’universel et le commun intensif pour relancer l’Europe contre les nouvelles formes d’impérialisme.
François Jullien, vous êtes philosophe de formation, germaniste et helléniste. Qu’est-ce qui vous a poussé, dans les années 1970, à partir étudier en Chine ?
François Jullien Nous sommes héritiers des Grecs, mais qu’en sait-on quand on n’est pas sorti de cet héritage ? Mon projet philosophique a consisté à trouver une extériorité, un ailleurs à la pensée et à la langue indo-européennes, pour ensuite, par effet de retour, revenir sur la pensée grecque et interroger ses évidences, ses choix enfouis.
Cette hétérotopie chinoise, pour reprendre l’expression de Foucault, vous sert de levier pour interroger la philosophie occidentale. Vous en parlez comme d’une « commodité théorique » visant à mettre en perspective la pensée européenne. S’agit-il d’une méthode ou d’une stratégie de pensée ?
François Jullien C’est une prise. Ma stratégie philosophique consiste à prendre la philosophie à revers, plus radicalement qu’elle ne s’interroge elle-même. En philosophie, il s’agit de trouver des prises, pour s’interroger sur ce qu’on n’interroge pas. Mon projet philosophique de départ, c’est cela, même si aujourd’hui je me tourne vers une philosophie plus générale de l’existence. Il s’agit pour moi d’avoir prise sur l’impensé de notre pensée, le préquestionné, le prénotionné. À commencer par le fait que ni la langue ni la pensée chinoises ne pensent en termes d’être. Je parle donc d’obliquité, et de ruse, pour reprendre le terme nietzschéen, plutôt que de méthode.
C’est en cela que vous privilégiez les notions de ressource plutôt que de valeur, d’écart plutôt que de différence…
François Jullien Si le concept d’écart est devenu important par rapport à celui de différence, c’est que ce dernier range. Quand on opère une différence, on laisse tomber l’autre, on range le savoir. Alors que l’écart ne range pas mais dérange. Il maintient l’autre en regard. Je propose de penser le dialogue des cultures en termes d’écarts et non de différences, de ressources et non d’identités. Je ne saurais pas définir la culture française. Les valeurs s’excluent, les ressources non. Elles s’explorent et s’exploitent. Elles s’explorent de s’exploiter.
Vous avez d’ailleurs produit un texte en réaction à ces dérives identitaires, Il n’y a pas d’identité culturelle. Un texte de réaction ?
François Jullien C’est un manifeste qui a pour objet, au départ, une campagne présidentielle, qui commençait à tourner autour de l’identité culturelle française, avec l’identité malheureuse de l’un et l’identité heureuse de l’autre, puis des prolongements identitaires. Je trouvais ça une mauvaise voie. C’est un texte d’engagement politique, oui. Comment penser le divers des cultures ?
Une parution récente, Ressources du christianisme (1), issue d’une conférence de 2016, entend interrompre l’évitement de la question du christianisme et de ses ressources.
François Jullien Je crois que le grand clivage du christianisme, y croire ou pas, est périmé. La philosophie se défausse des textes chrétiens, alors qu’ils ne sont pas sans ressources. Je pense que cette affaire embarrasse l’Europe. Il est temps de se demander ce que le christianisme a produit en Europe.
Vous dites d’ailleurs qu’avec le fait de rompre avec cet évitement, « l’idée même de l’Europe y gagnerait ».
François Jullien Le préambule non abouti de la Constitution européenne, il y a dix ans, visait à définir l’Europe. Les Polonais voulaient parler d’une Europe chrétienne, les Français d’une Europe laïque… Je crois qu’il fallait dire que l’Europe est chrétienne et laïque. Elle est les Lumières et le christianisme. Il n’y a pas à définir la culture européenne, mais à penser ce qui fait l’Europe. Il faut prendre autrement la chose chrétienne. Parler de racines chrétiennes, c’est stupide, on sacrifie à un mythe de l’unitaire.
Si près, tout autre, votre dernier ouvrage, semble prolonger Une seconde vie.Ce levier chinois vous aura-t-il permis de penser autrement l’existence, une fois revenu de ce détour ?
François Jullien C’est ce que j’appelle la seconde vie dans mon travail. Je me dégage peu à peu de mon chantier chinois pour travailler la question du vivre. Nous avons en effet une difficulté majeure dans la philosophie occidentale à penser la vie, le vivre, du fait de la question de l’être, qui conduit à abstraire par le concept, alors que le vivre renvoie au singulier. Vivre, c’est au singulier, c’est ambigu. La philosophie grecque a laissé tomber le vivre dans une métaphysique de la vraie vie et de l’au-delà. Le discours religieux, chrétien notamment, qui a repris en charge cette question, est dans le retrait qu’on sait. Qu’est-ce que ça donne aujourd’hui ? Le développement personnel, que je trouve une chose horrible. Qui occupe un terrain laissé vacant sous la forme de conseils de vie qui recouvrent la philosophie. C’est une sorte de marché du bonheur contre quoi je suis en insurrection. La philosophie est en train de disparaître des librairies, des journaux, au profit de cette pensée débile. Pas de quartier dans cette affaire-là !
Dans le riche Cahier de l’Hernequi vous est consacré, vous revenez sur votre conception du commun, et les distinctions entre universel, uniforme et commun.
François Jullien Le terme de commun n’est pas épuisé, il vient du vivre-ensemble d’Aristote, il est au fondement de la pensée politique. Les hommes vivent ensemble, pour des raisons positives, ils ont le désir de vivre ensemble. La pensée grecque est ici essentielle. Elle a pensé le politique, ce qui donne forme à la politique, aux différents régimes, alors qu’en Chine, il n’y a qu’un seul régime, la monarchie. Le commun n’est pas le semblable. Je le pense en termes d’écart, d’entre. Le commun intensif vient d’un écart. Dans une famille, où l’écart vient de l’âge et des différences d’expérience, dans un couple même homosexuel, il faut un écart pour mettre en tension un entre-deux qui peut promouvoir du commun.
Vous le distinguez de l’universel et de l’uniforme.
François Jullien Il y a un universel à rejeter, c’est celui de l’universalisme de totalisation. On croit qu’on a tout et on ne sait pas ce qui manque au tout. Je suis pour une pensée de l’universel comme exigence jamais satisfaite, comme l’universel régulateur de Kant, qui maintient en tension, qui maintient l’horizon ouvert. Le commun est une notion équivoque, ambivalente. Le commun, c’est le partage, mais l’horizon du partage qu’il dessine peut se tourner en frontières d’exclusion, qui ne se partagent pas, c’est le communautarisme. Comment faire que le commun ne se referme pas en frontières d’exclusion ? Grâce à l’universel jamais satisfait qui ouvre du manque dans toutes les totalisations acquises, qui maintient le commun en tension d’ouvert, ce qui est urgent à penser politiquement.
Quant à l’uniforme, vous y voyez un effet de la mondialisation ?
François Jullien L’uniforme renvoie au marché, au standard, au stéréotype. L’universel est un concept de la raison et a une exigence de la pensée, alors que l’uniforme est un concept de la production, de la commodité. Aujourd’hui, avec la mondialisation, on est tenté de prendre l’uniforme pour de l’universel. Dès lors qu’on a la même chose partout, on la prend pour de l’universel, mais elle n’a pas la légitimité de raison de l’universel. Le marché mondial uniformise à tout va.
Est-ce que le commun que vous pensez positivement en tension peut donner lieu à un nouveau communisme ?
François Jullien L’idée communiste nous vient de Platon. Si communisme il y a à l’avenir, c’est dans la réactivation du concept de commun non comme exclusion et fermeture, communautarisme, mais comme partage, commun intensif, que je vois en termes d’écart et d’entre. Ce qui est inquiétant aujourd’hui, c’est le repli dans les empires, qui se fortifient dans de soi-disant identités culturelles et nationales. C’est la Turquie, c’est la Chine, c’est Poutine, c’est Trump. On y fait jouer la cause nationaliste et identitaire pour couvrir les problèmes de société. Comment rouvrir l’histoire pour ne pas être repris, enlisé, dans cette logique d’empire ? Comment mobiliser positivement à l’avenir les chinois ?
Comment avez-vous vécu politiquement la Chine des années 1970 et quel regard portez-vous aujourd’hui sur sa situation politique ?
François Jullien Je n’y suis pas allé par maoïsme. Une fois sorti agrégé du cocon, du coton de l’École normale supérieure, j’y suis allé avec cette idée de prendre la philosophie à revers. J’aurais pu apprendre le chinois à Harvard, mais la Chine contemporaine m’intéressait. Je suis passé pendant mon séjour du discours idéologique sur l’éloge du Chinois moyen-pauvre à celui du Chinois le plus riche. J’ai vécu ce moment de basculement vers l’économisme et l’enrichissement, vers une volonté de puissance par la richesse. Le règne même de Xi Jinping était prévisible et rentre dans la logique des nouveaux pouvoirs, de ces nouveaux empires qui se reconstituent dans le rapport de forces. La Chine d’aujourd’hui veut la richesse et la puissance, la domination, l’hégémonie, l’impérialisme. Je pense qu’aujourd’hui, face aux empires américain, russe et chinois, il y a un avenir pour l’Europe. Elle a eu son passé impérialiste, mais peut redevenir importante. Elle porte des vraies ressources dont sont privés ces empires. Nous sommes rappelés à la responsabilité de réactiver ces ressources européennes, en particulier dans la pensée de l’opposition politique.
Comment vous situez-vous par rapport à la tradition marxiste ?
François Jullien C’est une affaire très compliquée, Marx. Je n’ai jamais été marxiste. Une erreur première chez Marx, c’est, selon moi, l’opposition entre infrastructure et superstructure, alors que le culturel est en amont de l’économie. Pensons aux régimes de négativité. Comment passer du négatif bête, le négatif négatif, négatif de l’abject et violent (la Shoah) au nég-actif (le négatif hégélien) : que faire du négatif ? La position de l’intellectuel doit être de distinguer le négatif négatif du négatif hégélien, le négatif actif. Le premier négatif ne produit rien sinon la souffrance et le négatif actif qui fait travailler. Comment passer de l’un à l’autre ? Je ne crois pas à la grande histoire de la paix. Le négatif fait marcher l’histoire. La violence n’est pas à éliminer. La pensée, c’est violent aussi. Il nous faut transformer la violence, activer le négatif, pour la rendre intelligente.
Sous quelle forme voyez-vous aujourd’hui ce travail du négatif ?
François Jullien Si la culture était vraiment cultivante, au-delà de la communication et du loisir, elle prendrait en charge cette transformation. Nous avons tous des passions violentes, des pulsions de mort. La vocation de la culture est cette transformation, cette éducation. La violence de la philosophie passe par l’éducation et la culture, dans le sens d’une transformation d’un négatif à l’autre, de la violence bête à la violence productive.
Après son agrégation de philosophie, François Jullien voyage en Orient dans les années 1970. À son retour, il préside l’Association française des études chinoises, devient directeur de recherche à l’université Paris Diderot puis président du Collège international de philosophie et directeur de l’Institut de la pensée contemporaine. Traduite dans de nombreux pays, son œuvre a reçu le prix Hannah-Arendt. Organisateur d’un cours méthodique et populaire de philosophie avec la mairie de Paris et la BNF après 2002, titulaire de la chaire sur l’altérité à la Fondation Maison des sciences de l’homme, il anime le collectif Dé-coïncidences et développe un projet avec une enseignante de lycée.
Le groupe pop-électro franco-britannique François and The Atlas Mountains va faire dialoguer musique et patrimoine et dévoiler samedi 19 mai 2018 une création sonore autour de la Tapisserie de l’Apocalypse de Jean, chef-d’œuvre de l’art médiéval unique au monde. Une expérience originale à vivre au Château d’Angers dans le cadre de la Nuit européennes des musées.
François and The Atlas Mountains aime les concerts qui sortent des sentiers battus. En août 2015, le groupe pop-électro franco-britannique emmené par François Marry, avait été à l’origine d’une performance musicale originale donnée à l’occasion des siestes électroniques au Musée du quai Branly à Paris. Samedi 19 mai 2018, il va se livrer à une expérience totale alliant images, son et narration en compagnie de plusieurs artistes invités, dont Anni Rossi, Vacarme, Jaune et DJ Coconut.
Une création sonore inédite en forme de dialogue entre musique contemporaine et patrimoine au sein de la galerie de la tapisserie de l’Apocalypse de Jean au château d’Angers, qui a inspiré un des morceaux du dernier album Solide Mirage de François and The atlas Mountains :
« C’est une œuvre du XIVèmesiècle monumentale» confie François Marry «Il faut s’imaginer un grand couloir en forme de L qui lui est entièrement dédiée. Elle est composée de toute l’iconographie médiévale qu’on connait avec des créatures, des chevaux, des lions, des dragons à sept têtes, des chevaliers, des anges…Elle suit les visions de Jean, l’auteur présumé de l’apocalypse, qui est le dernier texte du nouveau testament. Elle témoigne des fléaux qui se répandent sur terre, de la discorde qui est semée parmi les hommes qui sont représentées par ces fameuses grenouilles crachées par des monstres. Ça représente des gens qui s’adressent aux sept églises d’Asie. On voit les quatre chevaliers qui sortent du livre des révélations dont les anges ouvrent les sceaux. C’est tout l’imaginaire biblique de l’apocalypse».
Un concert en trio acoustique organisé avec la complicité du Chabada, salle de musiques actuelles d’Angers, qui se déroulera dans le cadre de la Nuit européennes des Musées ainsi que les 20 et 21 mai avec deux représentations par jour. Une création qui promet d’être chargée en émotion laquelle «sera comme une visite sonore» de la célèbre tapisserie souligne François Marry, chef-d’œuvre de l’art médiéval unique au monde, commandé vers 1375 par le Duc Louis 1er d’Anjou :
«On a choisi une matière sonore au traitement électronique, avec une installation de sept enceintes en multidiffusion qui permettront de faire circuler le son dans la pièce. L’idée est de faire de la musique pour les visiteurs de l’expo et d’accompagner l’impression et la vue qu’offre la déambulation. On ne fait pas un album, ni une captation vidéo. C’est vraiment une expérience visuelle et musicale in situ, dans le lieu-même de la galerie».
Création sonore de François and The Atlas Mountains, Tapisserie de l’Apocalypse au Château d’Angers: le 19 mai 2018 en soirée dans le cadre de la Nuit européenne des Musées et les 20 et 21 mai aux horaires des visites à 11h et 15h00. Durée : 50 minutes. 2 Promenade du Bout du Monde, 49100 Angers
Lettre ouverte à madame la ministre de la culture, texte collectif.
Madame Françoise Nyssen,
La Cité du théâtre doit voir le jour en 2022. Nous nous réjouissons que le Conservatoire national supérieur d’art dramatique (CNSAD) puisse y trouver, en compagnonnage avec la Comédie-Française et le Théâtre de l’Odéon, l’espace et la sécurité que sa vitalité, son ouverture aux grandes écoles d’art dramatique internationales et son excellence exigent. Dans les locaux actuels, seul le théâtre du Conservatoire (joyau acoustique conçu en 1811 par Louis-Joseph Delannoy) est heureusement classé comme monument historique, il ne peut être détruit et restera dédié au CNSAD.
Mais en contrepartie, le ministère de la Culture a décidé d’abandonner le reste du bâtiment et de le vendre, se séparant ainsi d’un patrimoine architectural et artistique exceptionnel.
Voué depuis plusieurs siècles (1806) à la formation et aux créations des musiciens, compositeurs et acteurs, ce qui fut tout d’abord le Conservatoire de musique et de déclamation dispose toujours dans un état quasi intact de son impressionnant vestibule, de son escalier d’honneur qui permet d’accéder d’un côté au salon d’apparat (ancien bureau du bibliothécaire Hector Berlioz) et de l’autre à l’ancienne bibliothèque renommée salle Louis-Jouvet, sa charpente, ses boiseries et ses poutrelles peintes qui en font un lieu unique et admirable. Mais pas seulement…
Les plus prestigieux compositeurs, musiciens, actrices, acteurs, metteurs en scène y ont travaillé, s’y sont accomplis et ont pratiqué leurs recherches au service de leur art. C’est dans cet endroit même que fut créée pour Sarah Bernhardt la première chaire de professeure d’art dramatique, que la Symphonie fantastique fut jouée pour la première fois… Et la liste des actrices et acteurs qui s’y sont révélés et épanouis est trop impressionnante et trop longue pour être ici développée. Mais pas seulement…
La vocation culturelle est inscrite dans les fondations du bâtiment, reconstruit après la Révolution sur ce qui était primitivement l’institution royale regroupant les écoles d’art et les troupes de musiciens et de comédiens, étonnamment nommée Hôtel des Menus Plaisirs.
C’est pour toutes ces raisons et d’autres encore que nous vous prions, Madame la ministre, de bien vouloir reconsidérer votre décision, de garder sous votre protection ce témoignage inestimable et de lui conserver sa vocation artistique originelle.
Texte collectif