« L'épave de l'avion d'Air Algérie disparu jeudi a été localisée cette nuit au Mali, dans la région de Gossi, à proximité de la frontière du Burkina Faso. L'appareil a été clairement identifié malgré son état désintégré.», a annoncé la présidence française dans un communiqué.  C'est un drone d'observation Reaper de l'armée de l'air française qui a localisé la zone de l'épave du McDonnell Douglas MD-83, sur la base d'une information donnée par les autorités du Burkina Faso. Et dès vendredi matin, sur le lieu du crash, à Gossi, 100 kms à l’est de  Gao, dans le nord Mali, un détachement terrestre de la force Barkhane, fort d'une centaine de soldats et d'une trentaine de véhicules,  « pour sécuriser la zone, recueillir des éléments utiles à l'enquête ainsi que les corps » des 118 passagers dont 54 français et 27 Burkinabés.  Une boite noire de l'appareil a également  été retrouvée et acheminée pour analyse.  Vingt et un gendarmes et policiers français partis de France ont été dépêchés sur les lieux pour enquêter et identifier les victimes. Enfin signalons que trois avions militaires algériens,  des Beech 1900 HISAR dotés d’équipements d’observation et de radars ont également survolé le lieu de l’accident.

 Le fait que l’avion ait été affrété par Air Algérie, se rendait de Ouagadougou à Alger en survolant le Mali n’était pas sans rapport avec la thèse d’un acte terroriste évoquée par de nombreux médias. Le Burkina Faso, l’Algérie et, surtout, la France, sont tous impliqués dans la crise malienne. Qui plus est, la région de Gao, plus précisément la zone où l’avion s’est crashé, est réputée dangereuse  en raison d’un activisme djihadiste loin d’avoir été éradiqué par l’intervention militaire française. Reste que pour l’heure, la thèse terroriste semble écartée. « la possibilité d'un tir (de missile) depuis le sol, est hautement improbable voire impossible », a expliqué le secrétaire d'Etat français aux Transports, Frédéric Cuvillier. En effet, bien que les groupes djihadistes de l’Aqmi, de Mokhtar Belmokhtar  auteur de l’attaque contre le site gazier d’In Aménas ( sud Algérien en janvier 2013) ou du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest) disposent d’armes pillées dans les arsenaux libyens après la chute de Kadhafi, aucun de ces groupes, affirment des experts, ne dispose du savoir-faire (know how) pour utiliser des batteries de missiles sol-air en mesure d’abattre des avions à 10 000 mètres d’altitude. Quant à la thèse d’un engin explosif se trouvant à bord du vol Ouagadougou-Alger, nombreux sont ceux qui affirment que l’aéroport de la capitale burkinabé est hautement sécurisé. Et ce, bien que quelques sceptiques continuent d’émettre l’hypothèse d’une explosion de l’avion en plein vol. Quoi qu’il en soit, seul l’examen du contenu de la boite noire et l’enquête menée par des experts sur les lieux détermineront les vraies raisons de ce crash.

 Les mauvaises conditions météréologiques restent la piste privilégiée...

En revanche, ils sont nombreux ceux qui penchent pour l’hypothèse de conditions météorologiques dégradées. C’est du moins la piste privilégiée par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le secrétaire d'Etat aux Transports, Frédéric Cuvillier, et ce, en raison de la concentration des débris et de l'odeur de kérosène qui règne autour de l'épave. « Il y a un front tropical où se rencontrent en cette saison des vents contraires et forts, une masse sèche et chaude venant du nord et une autre humide provenant du golfe de Guinée, les conditions sont idéales pour d'importants orages, tout ce qu'il faut pour poser problème à l'aviation » explique Robert Galan, ancien pilote d'Air France, cité par l’AFP, qui connaît bien la région.

... Mais à Alger, une polémique enfle autour des affrètements d'avion d'Air Algérie

À Alger, un début de polémique a commencé. La responsabilité d’Air Algérie, qui a assure quatre vols par semaine sur cette ligne, est pointée. «  Pourquoi avoir choisi un Mac Douglas puisque ni la marque ni ce type d’avions ne figurent dans la flotte algérienne » se demandait un pilote d’Air Algérie sous couvert d’anonymat, tandis que d’autres dénoncent l’opacité entourant les affrètements d’avion en période d’été et à l’occasion du pèlerinage à la Mecque. « C’est louche » affirme un pilote algérien cité par le quotidien  El Watan qui ajoute : ces pilotes « voient chaque année défiler sur les tarmacs nationaux une pléiade d’appareils hétéroclites » !