Le magazine de la bande dessinée et de la culture populaire revient en kiosques, après avoir vécu des heures sombres depuis la fin 2015.

Tous à vos kiosques ! Le nouveau numéro de la revue Aaarg ! y est désormais en vente. Ce bimestriel, qui s’intéresse à « la bande dessinée et à la culture à la masse », selon son sous-titre, a frôlé la mort, fin 2015. Et osons le mot : c’eût été dommage, tant le contenu de cet épais journal comble un manque dans le paysage de la presse. Aaarg !, qui est une onomatopée fréquente en bande dessinée, donne leur chance à de jeunes auteurs, publie des bandes dessinées inédites et plutôt ambitieuses, dans tous les genres, comme ce retour du Poulpe, ce personnage créé par Jean-Bernard Pouy. Le magazine contient aussi un magnifique reportage, mi-photographique, mi-écrit, sur « la rentrée des classes », soit un retour sur la mobilisation sociale contre la loi El Khomri. Enfin, on trouve une grande enquête sur « les nouvelles guerres de Hollywood à Washington », ou la façon dont le cinéma a mis en images les conflits qui ont opposé l’Amérique à tant de pays tout au long du XXe siècle. À noter aussi, cette petite perle de roman autobiographique, Fessée cul nu, qui raconte l’histoire d’une famille de gens humbles, par Hervé Sard.

Aaarg ! revient de loin. L’an dernier, il a été mis en dépôt de bilan, malgré un départ en trombe, et des résultats de vente plutôt encourageants. Le magazine, qui était alors passé en version mensuelle, et venait de réaliser une collecte sur Internet de 60 000 euros pour financer ce projet, a été victime des difficultés de son distributeur, explique Pierrick Starsky, le fondateur du journal. « On est des petits, on en a pâti », a-t-il résumé.

Le journal n’est pas placé en librairies comme prévu, les ventes s’effondrent. Le dépôt de bilan tombe sur la tête de cette petite équipe, qui se démène depuis trois ans pour faire vivre ce projet. La Financière de loisirs vient à la rescousse, baisse la pagination, et réinstalle ce numéro dans les kiosques, à nouveau en bimensuel. Pierrick Starsky est soulagé. Car, pour lui, Aaarg ! comble un « manque », dans le paysage de la presse. Lui rêvait d’un magazine qui permette de « slalomer » entre le rire, l’effroi, les larmes, et les supports, de la BD à la littérature en passant par la photo. « Quelque chose qui soit généreux. » Le pari est largement réussi.