Thèmes

homme image vie monde france photo musique tubes news rouge roman pouvoir

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· André (963)
· L'humanité (853)
· Peintures (489)
· Culture (564)
· Décès (207)
· Absurdité (184)
· Jean Luc Melenchon (416)
· Le parti communiste (436)
· CGT (426)
· Actions Militantes (279)

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· la une de l'humanité
· P.Martinez : M. le premier ministre, votre texte est illégal
· la une du canard enchainé du 22 août 2012
· L’éveil d’une conscience noire samplée dans les années 1980
· Objet : Sondage / Urgent.

· Europe sociale: faut-il y croire ?
· ORIGINE DE LA BURQA .......A FAIRE CONNAITRE !!!!
· Non à tout hommage officiel au général Bigeard
· La Banque centrale européenne bloquée par les Indignés
· Liste des manifestations 11 septembre 2021
· Quand Laurence Parisot nous joue « Martine à la ferme »
· La maire d’Aix-en-Provence renvoyée en correctionnelle
· Québec : Tous nus dans la rue! contre les frais de scolarité
· Dans 1précédente affaire à Drancy, volonté claire d’humilier
· Nous, femmes politiques françaises,

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "andrenicolas" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour : 01.10.2025
37112 articles


À Belém, la rue tient sa gauche

Publié le 31/10/2016 à 08:52 par andrenicolas Tags : image vie monde france photo musique tubes news rouge roman
À Belém, la rue tient sa gauche
À Belém, la rue tient sa gauche
Brésil
Marie-Noëlle Bertrand
Jeudi, 27 Octobre, 2016
L'Humanité
Le marché Ver-o-Peso, à Belém, s’exprime largement en faveur du candidat de gauche.
Photo : Paulo Amorim/Sipa

Posée aux portes de l’Amazone, la capitale du Para se prépare à élire, dimanche, son nouveau préfet dans un climat marqué par les récentes affaires de corruption politique.

Belém (Brésil), envoyée spéciale.

Il ne parle pas, il hurle. Du moins sa sono hurle-t-elle pour lui. Claudio l’a installée à l’avant de son vélo, juste au-dessus d’une caisse dans laquelle sont rangés des CD sans titre ni boîtier, disques nus où sont gravés les tubes du moment. Claudio les revend 5 réais (environ 1,50 euro) sur le marché de Ver-o-Peso, à Belém. Il refourgue aussi clés USB chinoises et chargeurs de portable d’origines incertaines. Abrité sous un large chapeau de paille, il glisse le long des allées, agrippant son guidon d’une main et le micro de l’autre, marquant des pauses là où s’étalent les tables des gargotes, toujours chargées de clients. Quand son haut-parleur ne crache pas de la musique, Claudio donne de la voix pour vanter sa camelote ou jouer un brin de comédie. Ou alors, il déclame de la politique. « Pourquoi Ver-o-Peso va voter pour Ed ? Mais parce que c’est un travailleur ! Un TRA-VAIL-LEUR, et il travaille POUR NOUS ! » harangue-t-il sous l’œil amusé des mangeurs, dont certains lèvent le point en signe d’assentiment.

Dimanche prochain, Belém va voter. La capitale du Para, deuxième État le plus grand du Brésil, élira son nouveau préfet, une fonction comparable à celle du maire en France. Deux candidats restent en lice. La ville, posée aux portes du fleuve Amazone, à moins de 200 km au sud de la ligne équatoriale, transpire leurs couleurs. Régulièrement, les étendards dévalent les avenues, portés par des militants qui défilent en escadrilles motorisées, sonores et carbonées. Il y a ceux qui soutiennent la réélection de Zenaldo Coutinho, Zé 45, l’actuel préfet et candidat du PSDB, Parti social démocratique du Brésil, centriste. Et ceux qui voteront pour Edmilson Brito Rodrigues, Ed 50, ancien préfet de 1997 à 2004 et candidat du PSOL, Parti socialisme et liberté. Créé en 2004 suite à une scission du Parti des travailleurs (PT), celui-ci entend se positionner à la gauche de la gauche. À Belém, Ed s’impose comme le candidat de la gauche rassemblée, électeurs du PT et du PCdoB (Parti communiste du Brésil) inclus, autant que Zé est prescrit comme celui de la droite.

« Tous ces gens, ce sont des communistes ! »

Entre Zé 45 et Ed 50 (chaque parti est numéroté pour faciliter le vote des personnes illettrées), la bataille fait rage, quand les sondages les donnent au coude-à-coude. Côté droit, on tire à boulet rouge sur une gauche mise en difficulté par les récentes affaires qui ont éclaboussé le PT, incarné par Lula et Dilma. « Lula n’est qu’un trompeur, un menteur qui dupe le peuple brésilien et le monde entier », tempête Isabella. Administratrice dans le privé, elle dit « avoir la rage contre toutes les bannières rouges ou rougeâtres ». Ed, lui, est sa bête noire, et chaque enquête d’opinion marquant sa progression lui colle la rate en vrille. « Tous ces gens, ce sont des communistes ! Ils gaspillent l’argent à aider des pauvres, qui après ne veulent pas travailler ! » Zé n’est pas parfait, souligne-t-elle encore. « Mais il vaut mieux que tout cela. »

Elle n’est pas seule à vouloir la peau du candidat PSOL. Sur les réseaux sociaux, ses opposants déversent leurs griefs, accusant l’ancien préfet d’être plus riche qu’il ne le dit, de rouler dans des voitures de luxe et surtout d’être corrompu, diatribe généralisée au Brésil. Mais dont la rue, elle, semble faire peu de cas.

Pas un vendeur à la sauvette ou autre commerçant de trottoirs qui n’arbore, à peu d’exception près, l’autocollant à l’effigie d’Ed. Le professeur, diplômé de l’université publique d’Amazonie, bénéficie de l’image, héritée de son ancien mandat, effectué sous l’étiquette PT, de celui qui s’intéresse aux quartiers populaires.

« On cherche juste à nous détourner de ces enjeux »

Espace mouvant de la vieille ville, Ver-o-Peso est de ceux-là. Faisant face à cette vaste langue d’Amazone qu’est la baie de Guajara, qui vient lécher Belém, le marché est le creuset où fusionnent tous les genres. Les façades bleues de son antique halle aux voûtes ciselées figurent le plus sûrement sur les photographies. Mais les commerces qui se déploient le long du quai sont les plus fréquentés, offrant aux visiteurs des échantillons panachés de forêt tropicale et de vie paraensienne.

Étals d’ananas, de mangues ou de maracudjas succèdent aux présentoirs d’ustensiles de cuisine, de plomberie ou de tee-shirts. Ici, les uns vendent poules et lapins ; là, d’autres assurent les vertus de potions d’amour, ourdies dans le secret d’essences tropicales. Producteurs de jambu ou de maniva remplissent de grands sacs de ces herbes essentielles à la gastronomie locale. Gargotes et stands de restauration finissent le tableau, où l’on vient se gorger d’açaï, de poissons frits ou de crevettes d’eau douce. Camelots et commerçants y croisent étudiants fauchés, travailleurs moyens ou vagabonds dans un brouhaha chaud, remué de musiques explosives.

« Je travaille là depuis quinze ans », reprend Claudio, un pied en appui sur son pédalier. « Avant, ici, il n’y avait que des petites baraques fragiles en guise de commerces. C’est Ed qui a permis de consolider le lieu, d’installer des barnums sous lesquels s’abriter et de vrais étals. Zé, lui, il n’a rien fait. Pour nous, ce n’est pas Zenaldo, c’est Ze-nada (Zé-rien). » Déjà, le lieu commence à se dégrader. « Il faudrait l’entretenir », appuie Bruno, jeune travailleur d’une vingtaine d’années, montrant du doigt les coutures obsolètes de la toiture en toile. « Le fait est que Zé délaisse les quartiers populaires. » Et pas uniquement eux, enchaîne Rosana, ses cheveux noirs retombant sur son tee-shirt « Ed 50 ! ». « L’hôpital est saturé, les écoles n’en peuvent plus, la violence progresse… » Alors que cliniques ou collèges privés ont pris Belém d’assaut, étalant leurs enseignes et leurs publicités sur les façades d’immeubles, cette vieille militante du PT voit en Edmilson l’unique salut des services publics. « Corrompu, Ed ? Je n’y crois pas. On cherche juste à nous détourner de ces enjeux. »