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Date de création : 31.03.2011
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Les artistes les chercheurs taillaient la route américaine

Publié le 03/03/2017 à 08:03 par andrenicolas Tags : image vie roman photo travail mode cadre art news bande paysage rouge poésie patrimoine exposition sur
Les artistes les chercheurs taillaient la route américaine
Photographie. Avant les artistes, les chercheurs taillaient la route américaine
Magali Jauffret
Mardi, 28 Février, 2017
L'Humanité

Zone industrielle, périmètre historique de Great Falls, Paterson, New Jersey, juin 1973, de Chester H. Liebs, historien. Photo : Chester H. Liebs

Avant Walker Evans, Robert Frank et Stephen Shore, photographes du paysage américain, des universitaires saisissaient la réalité avec leur appareil photo, à des fins scientifiques. Leurs archives ouvraient ainsi la voie à l’art.

La ville est envahie par une bande de chercheurs américains en retraite venus ­constater ce que leur travail universitaire sur l’évolution du paysage américain, produit dès les années 1950, peut bien donner sur les cimaises d’un lieu d’art tel que le Pavillon populaire de Montpellier. Certains, comme Donald Appleyard ou John B. Jackson, sont décédés. Mais leurs confrères Allan Jacobs, professeur d’urbanisme à Berkeley, Richard Longstreth, historien de l’architecture à l’université de Washington, Chester Liebs, historien et conservateur du patrimoine dans le Vermont et à Tokyo, ainsi que le géographe David Lowenthal, qui enseigna le projet de paysage à Harvard, sont titillés par l’intérêt que leur ont manifesté le chercheur Jordi Ballesta et le photographe Camille Fallet, les deux jeunes curateurs français de l’exposition « Notes sur l’asphalte, une Amérique mobile et ­précaire, 1950-1990 ». Missionnés par le directeur artistique du lieu et par la ville, ces deux-là sont partis en Amérique, ont traversé onze États, parcouru 7 000 km, consulté des archives, identifié six chercheurs, localisé et recensé leur production, avant de la ­numériser et de la ramener de ce côté-ci de l’Atlantique pour concevoir une exposition qui ne désemplit pas.

Des images qui semblent issues d’un bloc-notes

Et si, aussi renommés soient-ils, scientifiquement, dans les champs de l’architecture, de l’urbanisme et du paysage, ces vieux messieurs étaient passés à côté d’une carrière artistique ? Certains d’entre eux ont l’air de se le demander en examinant leurs diapositives, devenues des tirages agrandis, isolés, empruntant un statut qu’ils n’auraient jamais imaginé. Ne se sont-ils pas, toute leur vie, considérés comme des photographes amateurs, auteurs de diapositives faites pour attirer l’attention, questionner l’évolution d’une situation, mais fuyant les intentions de l’illustration ? Que voit-on sur ces images qui semblent issues d’un bloc-notes ? Des décors de bords de route très parlants : les prémices de la circulation automobile de masse avec véhicules, parkings, stations-essence, mais aussi des lotissements, mobile-homes, panneaux publicitaires et slogans coups de poing, des activités commerciales éphémères, des lieux de dépôt…

L’ordinaire se transforme en poésie

Quelles conclusions en tire-t-on ? Leur perception visuelle du territoire est d’une extrême acuité. Leur photographie est sociale. L’habitat des métayers se révèle précaire, celui des quartiers ouvriers hyper fragile. Mais s’ils ont pris la route, comme le veut la grande tradition américaine, ce n’est pas pour se mettre dans les pas militants de Walker Evans ou Dorothea Lange, mandatés par Roosevelt pour ramener les preuves, dans le cadre de la FSA (Farm Security Administration), de la grande misère des métayers et fermiers, après le krach de 1929… Leurs road trips convoquent, sans le savoir, d’énormes références artistiques : comment, en découvrant l’image pop prise en 1972 par le chercheur Richard Longstreth d’une station-service rouge et blanc très flashy, sur la route 66, à McLean (Texas), ne pas penser aux Vingt-six stations-service peintes à l’huile par l’artiste Ed Ruscha en 1986-87 ? Le premier n’a aucune préoccupation esthétique. Le ­second évacue de ses toiles tout sentimentalisme (il dit : « J’agissais comme un robot : j’y allais, je prenais, je repartais »), mais affirme, sans doute influencé par Duchamp, qu’aucun objet n’est indigne de l’art, abolissant ainsi la frontière entre art et document.

On pense aussi à William Christenberry, qui transforme l’ordinaire en poésie le long des routes de l’Alabama. On pense à Jeff Wall en se retrouvant, dans l’exposition, face à Landscape Manual, une œuvre qui questionne, comme certains des chercheurs, l’expérience du déplacement. On pense surtout à Stephen Shore, devenu emblématique en explorant, en couleurs, mais sans artifice, la réalité paysagère la plus ordinaire de son pays, sans chercher la beauté ou l’artifice. S’il n’avait été repéré si jeune par Andy Warhol, serait-il devenu l’icône mondiale qu’il est aujourd’hui ? Et Andy Warhol aurait-il même existé si ces chercheurs n’avaient ouvert la voie au vernaculaire, au sériel, tout ce qui fera sa tasse de thé ?

Jusqu’au 16 avril, Pavillon populaire de Montpellier, entrée gratuite, de 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 18 heures, tous les jours sauf le lundi. Catalogue, éditions Hazan, 24,95 euros.
Rubrique culture, photographie