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Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour : 24.11.2025
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Art. Un musée aux allures de mirage idéologique

Publié le 12/11/2017 à 15:53 par andrenicolas Tags : image monde france photo belle travail histoire mode création sur art peinture news bande roman
Art. Un musée aux allures de mirage idéologique
Art. Un musée aux allures de mirage idéologique
Maurice Ulrich
Jeudi, 9 Novembre, 2017
L'Humanité

Le Louvre d'Abu Dhabi a été construit sur l'île de Saadiyaat, « l'île du bonheur». Dans des conditions dénoncées par Human Rights Watch. Photo : Ludovic Marin/AFP

Inauguré hier, le Louvre Abu Dhabi est aussi une affaire diplomatique et financière posant de nombreuses questions artistiques et sociales.

C’est un superbe bâtiment signé par Jean Nouvel que les quelque 5 000 invités à l’inauguration du Louvre Abu Dhabi devaient découvrir, hier soir, à la fraîche. Emmanuel Macron en était, aux côtés de personnalités de l’État pétrolier, dont Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, cheik d’Abu Dhabi, considéré comme l’homme fort des Émirats arabes où toute critique du régime est interdite et où s’applique toujours la charia. Mais c’est sans doute de peu d’importance quand l’argument de l’internationalisation des richesses du Louvre, le plus grand musée du monde, sera bien évidemment évoqué. L’un des pères du projet, alors ministre de la Culture en 2007, sous la présidence de Jacques Chirac, avait été un peu plus prosaïque en Conseil des ministres en se flattant de ce que le ministre « des vieilles pierres et des troubadours » puisse rapporter un milliard d’euros à la France. Car le Louvre Abu Dhabi, c’est d’abord une affaire diplomatique et financière. Dès 2005, le petit émirat, avec ses énormes richesses et ses 700 000 habitants seulement, entend exister sur la scène internationale en même temps que préparer, s’il se peut, l’après-pétrole avec un projet appelé à surgir ex nihilo d’une bande de sable. Près de trente hôtels, deux golfs, des ports de plaisance et, tiens, des musées. Et quoi de plus prestigieux que le Louvre, mais aussi le Guggenheim qui s’est déjà illustré, avec succès il faut le dire, à Bilbao, avec le magnifique bâtiment conçu par Frank Gehry. Deux autres musées sont prévus dont un musée national Zayed. Dès 2005, donc, l’émirat s’adresse à la France et à son ministère des Affaires étrangères alors piloté par Philippe Douste-Blazy.

De l’art de convertir les pétrodollars

Il faudra deux ans pour que l’affaire, car c’en est une, aboutisse. C’est donc Renaud Donnedieu de Vabres qui a repris le dossier, alors que les aspects financiers ont été âprement négociés. Au total, l’émirat a mis un milliard d’euros sur la table pour s’acheter un récit artistique. Henri Loyrette, alors président-directeur du Grand Louvre, d’abord réticent, va s’engager, au nom de la diffusion dans le monde de ce nouveau concept tendance qu’est « la marque Louvre », qui va aussi s’implanter plus modestement aux États-Unis, à Atlanta, dans la même période, et sera pour partie justifiée par la création du Louvre-Lens, affichant l’ambition de rapprocher les trésors artistiques nationaux des populations modestes. Mais l’opération Abu Dhabi va choquer. Une pétition recueille près de 5 000 signatures s’élevant contre cette « marchandisation de l’art », dont celles de sommités comme Jean Clair, ancien directeur du musée Picasso et membre de l’Académie française, ou Françoise Cachin, ancienne directrice des Musées de France. Cette dernière dénoncera de véritables intimidations venant du ministère après cette pétition. On évoquera aussi, dès cette période, la question des œuvres elles-mêmes. En d’autres termes, quelle place pour nombre d’œuvres liées au christianisme dont les crucifixions ou les Vierges à l’enfant, qui sont indissociables de la peinture occidentale, mais aussi bien pour nombre d’œuvres, tout aussi indissociables de cette histoire, comportant des nus, de la Naissance de Vénus à la Vénus d’Urbino ou au Déjeuner sur l’herbe et bien d’autres. On dira alors que le Louvre fera preuve de retenue. Un mot qui évitera et évite toujours de parler d’autocensure ici et de censure là-bas.

Au fil des années et des travaux, une autre question va apparaître, liée aux conditions de travail des quelque 5 000 ouvriers du chantier, pour l’essentiel des migrants. Dans une tribune publiée hier dans Libération, l’association Human Rights Watch, interdite d’entrée sur le territoire de l’émirat depuis 2014, dénonce les salaires non payés, les confiscations de passeports, les conditions de logement déplorables, la répression syndicale, les sanctions contre les tentatives de grève, etc.

Il faut sans doute ajouter à tout cela une interrogation sur le sens même de l’entreprise. Qu’est-ce que l’art, quand il s’agit d’installer des œuvres dans une sorte de Disneyland géant et dans un univers du luxe et du bling-bling ? L’argument de l’internationalisation ne tient pas davantage dès lors qu’il s’agit d’un territoire de 700 000 habitants voué au tourisme fortuné et aux pétrodollars. « Pourquoi, interrogeait, dès 2007, la CGT culture, ne créerait-on pas une antenne du Louvre en Égypte, pays de plus de 74 millions d’habitants ? Il est vrai que l’Égypte est un pays moins solvable. »

Mais voilà, les invités de la cérémonie pourront encore aujourd’hui contempler la Belle Ferronnière, de Léonard de Vinci, dont on se dit que, peut-être, elle ne méritait pas ça. Sinon l’émirat, coalisé à l’Arabie saoudite, continue à bombarder le Yémen. Le beau bâtiment de Jean Nouvel, bâti sur les sables, a un peu les allures d’un mirage idéologique.

Philippe Martinez : « Le Louvre Abu Dhabi :  projet culturel ou manne financière ? »

Doit-on voir dans l’inauguration du musée du Louvre d’Abu Dhabi une volonté d’ouvrir la culture au plus grand nombre ou d’abord une énorme manne financière pour la France, afin de masquer la baisse incessante des moyens qui lui sont accordés  par les gouvernements successifs ? Cet événement ressemble plus à l’ouverture d’un parc d’attractions. Car je ne suis pas convaincu que le lieu ni le pays soient bien choisis pour symboliser l’accès à tous et surtout à toutes de la diversité culturelle. Si le mélange et la rencontre des cultures sont indispensables entre citoyens du monde, cela doit se faire avec l’objectif d’émancipation du plus grand nombre, avec des moyens publics. N’oublions pas non plus que, derrière le faste de ce chantier gigantesque, des milliers d’ouvriers ont « travaillé » dans des conditions inhumaines : confiscation de passeports, salaires non payés, certains déportés pour avoir fait grève, comme l’ont dénoncé de nombreuses ONG et l’Organisation internationale du travail (OIT)…