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À Fresnes, la désillusion d’un gardien de prison

Publié le 02/02/2018 à 23:58 par andrenicolas Tags : image vie moi monde roman france photo société travail mort mode sur news saint maison marne
À Fresnes, la désillusion d’un gardien de prison
Mobilisation. À Fresnes, la désillusion d’un gardien de prison
Audrey Paillasse
Jeudi, 25 Janvier, 2018
L'Humanité

Les forces de police sont intervenues dès 8 h 30 hier à Fresnes pour repousser le barrage des manifestants. Thomas Samson/AFP
 

Le mouvement se poursuit dans les centres pénitentiaires, malgré les propositions du gouvernement. Un surveillant de Fresnes témoigne des conditions de travail déplorables.

Ahmed El Hoummass se rend chaque jour au travail avec la boule au ventre. Il a 39 ans, et il est gardien de prison depuis quinze ans à Fresnes (Val-de-Marne). Syndicaliste CGT, il participe depuis dix jours aux blocages successifs de l’établissement, affichant un soutien sans faille à une mobilisation qui s’étend dans tout le pays, avec comme point de départ une série d’agressions de surveillants pénitentiaires par des détenus.

Dans la deuxième plus grosse prison de France, la violence est quotidienne. « Dès que je franchis la porte, je ne sais pas ce qui peut m’arriver, reconnaît Ahmed. Comme tout le monde, je me lève le matin pour remplir l’assiette et faire vivre ma famille. Mais le danger, justement, c’est de tomber dans la routine ; oublier qu’on est en milieu carcéral et qu’on a des gens en face qui sont potentiellement dangereux. » Et ce ne sont pas les exemples qui manquent. « Tout motif peut mener à l’agression, affirme-t-il. Pas d’eau chaude, pas de télé, pas de parloir… » Comme tous les autres surveillants, Ahmed est en contact permanent avec les détenus incarcérés, qui s’entassent à quatre dans des cellules de 9 m2, toilettes comprises. « Je vous laisse imaginer le manque d’intimité, et l’effet que ça a sur eux. Nous, on arrive le matin pour ouvrir leur cellule et vérifier qu’ils sont présents et vivants. C’est un moment très redouté, parce que c’est le plus à risque. On est les seules personnes de l’extérieur qu’ils voient, alors c’est nous qui faisons les frais de leur amertume, de leur colère ou de leur joie de vivre. » Ahmed se souvient très bien de ce jour où un détenu souffrant de schizophrénie a décroché l’évier de la cellule sous ses yeux pour lui jeter à la figure. « Après ça, j’ai pu voir un psychologue, raconte-t-il, mais c’est tout. »

« Je ne m’attendais pas du tout à ça »

La prison de Fresnes a aujourd’hui un taux d’occupation de 195 %. Pour les contrôles d’effectifs, Ahmed est affrété à une coursive, et doit gérer jusqu’à 120 détenus à lui seul. « Il n’y a que huit surveillants par bâtiment », détaille-t-il. La garde, un axe majeur du travail pénitentiaire, va de pair avec la réinsertion. « L’après-midi, on emmène les détenus à leurs activités. Ça doit permettre de les réinsérer dans la société. » Mais, en sous-effectifs, difficile d’établir ce contact humain indispensable à une relation de confiance. « Avec mes collègues, on a calculé qu’avec 120 détenus on ne peut accorder que 45 secondes par personne et par jour, déplore Ahmed. On a juste le temps de dire “bonjour” et “bonne journée”. Dès lors qu’un détenu nous sollicite, on n’a pas de temps pour lui, donc la frustration est double. Nous, le soir, quand on rentre à la maison, on se dit “merde, je n’ai pas fait mon boulot”. » Un sentiment d’impuissance qui a des conséquences directes sur « l’après »-incarcération. « Tout le monde est perdant dans l’histoire, regrette Ahmed. Les détenus, nous, et la société civile. Il y a un vrai enjeu de société à s’assurer qu’ils ne récidivent pas à leur sortie. »

Des arrêts maladie qui se multiplient

Avec le recul, Ahmed admet que la réalité du métier est bien loin de ce qu’il imaginait à son arrivée, en 2003. « Je ne m’attendais pas du tout à ça. À l’Enap (École nationale d’administration pénitentiaire – NDLR), on faisait surtout de la théorie, et on nous vendait une véritable mission de réinsertion. Mais à aucun moment je ne m’étais imaginé devoir gérer 120 personnes à moi tout seul. Je n’ai jamais pensé qu’on serait en manque d’effectifs au point d’être rappelés sur nos jours de repos, et de nous enlever toute possibilité de vie de famille. » Résultat : des arrêts maladie qui se multiplient, des surveillants qui sombrent dans l’alcool, et d’autres qui rêvent de partir. « Un collègue m’a déjà dit que pour 1 400 euros il préférerait aller ranger des conserves à Monoprix, assure Ahmed. Certains espèrent se reconvertir dans la police, les douanes, les impôts, ou tout autre chose. » Pour ces gardiens désenchantés, la solution ne se trouve pas seulement dans des augmentations de salaire, mais dans l’application d’une loi : celle de 2009, sur l’encellulement individuel, qui n’a de cesse de subir des moratoires : « Ça apaiserait déjà beaucoup de tensions, soutient Ahmed, et on pourrait faire notre travail. »

Un blocage levé de force

Les surveillants du centre pénitentiaire de Fresnes ont bloqué une nouvelle fois l’entrée de l’établissement, hier. Ils menaçaient d’empêcher la sortie de Jawad Bendaoud, le « logeur » présumé de Saint-Denis des terroristes du 13 novembre 2015. Il devait se rendre à son procès, prévu dans l’après-midi à Paris. Les forces de police sont intervenues dès 8 h 30 pour repousser le barrage des manifestants, et ont fait sortir le détenu. Les négociations entre les syndicats et le gouvernement sont toujours au point mort. Mardi, les militants ont refusé les propositions de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, et entendent poursuivre le mouvement.