Thèmes

homme image vie monde france photo société photos mode annonce cadeau chien afrique pouvoir news chat anniversaire bande dessin solidarité actualité collection roman pouvoir

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· André (968)
· L'humanité (853)
· Peintures (489)
· Culture (564)
· Décès (207)
· Absurdité (184)
· Jean Luc Melenchon (416)
· Le parti communiste (436)
· CGT (426)
· Actions Militantes (279)

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· la une de l'humanité
· P.Martinez : M. le premier ministre, votre texte est illégal
· la une du canard enchainé du 22 août 2012
· L’éveil d’une conscience noire samplée dans les années 1980
· Objet : Sondage / Urgent.

· Europe sociale: faut-il y croire ?
· ORIGINE DE LA BURQA .......A FAIRE CONNAITRE !!!!
· Non à tout hommage officiel au général Bigeard
· La Banque centrale européenne bloquée par les Indignés
· Liste des manifestations 11 septembre 2021
· Quand Laurence Parisot nous joue « Martine à la ferme »
· La maire d’Aix-en-Provence renvoyée en correctionnelle
· Québec : Tous nus dans la rue! contre les frais de scolarité
· Dans 1précédente affaire à Drancy, volonté claire d’humilier
· Nous, femmes politiques françaises,

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "andrenicolas" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour : 12.10.2025
37117 articles


Le 28 mars 1948, Pif le chien surgit dans l’Humanité

Le 28 mars 1948, Pif le chien surgit dans l’Humanité
Le 28 mars 1948, Pif le chien surgit dans l’Humanité
Nicolas Devers-Dreyfus
Vendredi, 30 Mars, 2018
L'Humanité

José Cabrero Arnal à la Fête de l’Humanité, en 1973. Collection Philippe Guillen
 

Coup de tonnerre pour les lecteurs de l’Humanité, une annonce historique paraît le 26 mars 1948 : « Attention ! Attention ! À partir de dimanche prochain : Pif le chien ! » C’était avant la publication de l’Humanité Dimanche

Un anniversaire à célébrer comme il se doit. Que se passait-il ces années-là ? Depuis que, sous la pression américaine, Ramadier, le 4 mai 1947, a révoqué les ministres communistes de son gouvernement, coupables de se désolidariser de l’austérité salariale et de la guerre d’Indochine, un vent de confrontation sociale et de guerre froide envahit le pays, tandis que la répression coloniale sévit à Madagascar, en Afrique noire et au Maghreb.

Plan Marshall, naissance du RPF de De Gaulle, scission syndicale, début d’une construction européenne très anticommuniste rythment une actualité où s’effacent les promesses de la Libération. Un mois auparavant, les communistes ont pris le pouvoir à Prague.

Pif est coléreux et joyeux, toujours en conflit avec l’autorité

Le numéro daté dimanche 28 et lundi 29 mars signe la naissance de Pif le chien dans l’Humanité, en page 3, en proximité d’articles qui résument bien le climat de guerre froide du moment : le sénateur Bridges propose d’« armer et (de) financer toutes les organisations fascistes en Europe » ; Pierre Courtade, romancier de talent et chef de la rubrique internationale, dénonce les tenants d’un projet européen fédéraliste et anticommuniste « bénédiction pour les agents de l’impérialisme américain… Vingt pays dans un coup de filet ! ». Alors que le général MacArthur, proconsul au Japon, annonce, devant la protestation contre la misère qui grandit, son intention de dissoudre le Parti communiste et de mettre la grève hors la loi. En URSS, la démobilisation, deux ans après la capitulation nazie, « est prête de s’achever ». En France, les ouvriers agricoles de l’Aisne poursuivent la lutte, « malgré une pression inouïe de la part des hobereaux et quelquefois des gendarmes qui menacent d’arrestation les grévistes », tandis que Brétigny et Bonneuil connaissent de fortes luttes ouvrières et que, de leur côté, « les cheminots algériens et tunisiens devront-ils faire grève pour obtenir satisfaction ? ».

La une du quotidien communiste adopte un ton plus consensuel, celui d’un grand journal populaire qui donne toute sa place aux faits de société.

Depuis la fin de la guerre, l’Humanité publie une bande dessinée quotidienne : les aventures de Félix le chat, une BD d’origine américaine, distribuée par l’agence Opera Mundi. À l’ère du plan Marshall et de la dénonciation d’une culture importée de force, il n’était que temps pour le quotidien communiste de faire mouvement !

Notre sympathique toutou a un père : Claude Arnal, en complicité avec Pierre Olivier pour les textes, comme pour Placid et Muzo dans Vaillant.

Richard Medioni, son biographe, écrit : « Pif n’est d’abord qu’un cabot des rues, sans domicile fixe et sans famille : Tonton, Tata, Doudou et Hercule ne feront leur entrée dans le monde de Pif qu’à la fin de 1949. Libre de toute attache, Pif est obsédé, comme beaucoup de Français à l’époque, par la recherche de sa pitance quotidienne et d’un coin pour dormir. L’os et la saucisse ont sa préférence, et il n’hésite pas à chaparder même si ce n’est pas très moral. »

Tout à la fois coléreux et joyeux, toujours en conflit avec l’autorité, Pif a le charme d’un petit personnage contradictoire, malicieux, un tantinet subversif, comme l’était son créateur.

Arnal a été déporté dans le convoi des « Rouges espagnols »

Le personnage de Charlot a fortement influencé Arnal, pilier de Vaillant et déjà collaborateur de l’Avant-Garde et de l’Humanité, qui le prendra comme salarié, geste de solidarité afin de le faire bénéficier d’une protection sociale indispensable. Car la France lui a refusé la nationalité française, comme à tant de combattants républicains espagnols. Il a pourtant été déporté à Mauthausen dans le convoi des « Rouges espagnols », avec les séquelles pour sa santé qu’on imagine.

C’est d’ailleurs à Mauthausen qu’il semble bien que la figure, le caractère d’un camarade, le jeune photographe Francisco Boix Campo, aient inspiré le personnage de Pif. Aventure extraordinaire de courage, puisque, avec deux autres déportés et au péril de leurs vies, il réussit à faire sortir du camp des photos qui témoigneront, avec les écrits de Paul Tillard dans Regards et dans Ce soir, dès juillet 1945, de la barbarie nazie. Elles seront également produites au procès de Nuremberg. L’Humanité réunira Francisco Boix Campo, devenu photographe du journal, Pif, dont il fut l’inspirateur, et Claude Arnal.

Le 21 décembre 1952, Pif le chien, beau cadeau de Noël, fait son entrée dans le journal Vaillant. Avec la contribution d’un deuxième père, Roger Mas, il en deviendra le héros, si populaire qu’il donnera naturellement son nom à Pif Gadget quelque vingt ans plus tard.

Pour suivre notre héros à la trace

L’outil indispensable pour comprendre le dessin dans la presse communiste et surtout suivre le parcours historique de notre héros canin préféré est l’ouvrage Mon camarade, Vaillant, Pif, l’histoire complète 1901-1994 (Vaillant collector, 2012, 39 euros) de Richard Medioni accompagné de Françoise Bosquet. Il y a encore José Cabrero Arnal, de la République espagnole aux pages deVaillant, la vie du créateur de Pif le chien, de Philippe Guillen (Nouvelles Éditions Loubatières, 2011, 32 euros). Plus près, on peut lire le dossier historique consacré à José Arnal dans l’Humanité Dimanche du 22 mars 2018.