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Danse. Charmatz, 10 secondes par geste, qui dit mieux ?

Publié le 23/11/2017 à 18:55 par andrenicolas Tags : art sur chez image roman patrimoine collection bretagne danse concours artiste news photo mode musique femmes cadre soi
Danse. Charmatz, 10 secondes par geste, qui dit mieux ?
Danse. Charmatz, 10 secondes par geste, qui dit mieux ?
Muriel Steinmetz
Lundi, 20 Novembre, 2017
L'Humanité

Sur scène, les figures exécutées ne durent qu’à peine le temps d’un battement de cils. Ici, la pièce résulte d’une fabrique collective dans laquelle chacun a jeté ses gestes dans le pot commun. Tristram Kenton
 

À Rennes, le chorégraphe propose une pièce en forme de « tempête de mouvements », avec vingt-cinq danseurs capables d’une invention étourdissante.

Boris Charmatz présente 10 000 Gestes au Théâtre national de Bretagne, dans le cadre du festival TNB (1). Le titre est à prendre au pied de la lettre. Sur la musique du Requiem de Mozart, vingt-cinq interprètes investissent le plateau, enchaînant à folle allure – durant plus d’une heure – quatre cents gestes par personne. Difficile de retenir la mémoire de cette « tempête de mouvements », comme dit le chorégraphe, puisque les figures exécutées ne durent qu’à peine le temps de les capter, le temps d’un battement de cils, en somme. Un groupe humain grouillant s’agite en tous sens. L’un se lèche l’orteil, l’autre bondit et celui-ci masse le dos de son voisin… Certains ont la bouche pleine de mots, d’autres bougent n’importe comment. Quant aux costumes, la variété est sacrément de mise. Il en est un vêtu de paillettes, tandis qu’un autre dissimule à peine sa nudité sous un string minuscule. Deux femmes en perruque cultivent un maintien très raide… On saisit ainsi au vol (10 secondes par geste !) des mouvements concrets-abstraits qui cohabitent dans le même corps, devenu matériau brut au sein d’un précipité d’actions et d’événements physiques en cascade qui déroutent l’œil, impuissant à se faire une idée devant une telle débauche de signes. Le spectateur est conduit à pratiquer une concentration intense. La pièce résulte d’une fabrique collective dans laquelle chacun a jeté ses gestes dans le pot commun. Si, dans Levée des conflits (2011), Charmatz avait imaginé une sculpture faite de corps, une danse en morceaux fabriquée à vue par un effectif croissant d’interprètes, il s’agit nettement, cette fois, d’une collection plastique introuvable. Il parle d’une sorte de « Louvre immédiat, un Louvre sans l’aspect historique ».

Depuis 2008 à la tête du Centre chorégraphique national de Rennes, rebaptisé musée de la Danse, il poursuit en actes empressés son entreprise de collectes à première vue impossibles dans un art par essence éphémère, soit un patrimoine voué dans l’instant à sa propre disparition. Un pari téméraire, une gageure paradoxale : il édifie « un anti-musée chorégraphique ». Chez lui, le danseur est libéré de toute emprise et échappe à toute stratégie de conservation. Exit l’étoile classique façonnée par la rude école du répertoire académique, lequel est sans fin déboulonné dans les règles car, ici, il n’est pas un geste effectué qui sera répété. Ainsi tout s’efface dès que tracé. Invention permanente. Boris Charmatz se pose sans fin, en chair et en os, cette question lancinante : « Qu’est-ce que deviennent les gestes ? les idées qui ont été agitées ? » Artiste impatient de s’exercer à une perpétuelle expérience des limites, Boris Charmatz parvient encore une fois à concevoir une fresque musculaire inédite, avec le concours éclairé de fidèles rompus à la recherche en soi de ressources jusqu’alors insoupçonnées. C’est à se demander amicalement ce qu’il nous réserve la fois d’après.

(1) Présentée en octobre à Chaillot dans le cadre du Festival d’automne, la pièce 10 000 Gestes sera donnée les 24 et 25 novembre au TNB.