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Par Anonyme, le 19.11.2025
salutations s'il fallait parler de toutes les horreurs actuelles, cela ferait un sacré bouquin
cordialement
Par pat, le 10.11.2025
et pour les chrétiens massacrés en terre musulmane; on fait quoi ???? http://arbraca mes.centerblog .net
Par pat, le 09.05.2025
entierement d'accord ..... http://arbraca mes.centerblog .net
Par pat, le 09.05.2025
encore un fameux rigolo ............. la france est perdue ce n'est plus qu'une question de temps .... http://
Par pat, le 09.05.2025
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Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour :
24.11.2025
37122 articles
Le 1er novembre 1956, au petit matin, des troupes soviétiques – 150 000 hommes et 2 500 chars – encerclent Budapest. Quelques jours plus tard, une sanglante répression met fin au soulèvement déclenché le 23 octobre. L’image du communisme politique en est cruellement ternie.
Tout a commencé neuf mois plus tôt. Le 25 février 1956 au matin, le secrétaire général du Parti communiste d’Union soviétique, Nikita Khrouchtchev, se livre, devant les délégués au XXe congrès du PC, à un violent réquisitoire contre l’icône des décennies précédentes, Joseph Staline. Il y parle d’exécutions sommaires et de procès truqués en URSS et dans les démocraties populaires. Officiellement, ce rapport devait rester secret. Dans les faits, il est lu à des millions de communistes en URSS. Il circule sous le manteau dans tout l’Est européen. Partout, il constitue un choc. En Pologne et en Hongrie, il provoque un traumatisme.
Mobilisation des intellectuels et des conseils ouvriers hongroisÀ Varsovie, la catastrophe est évitée de justesse. Là-bas, Edward Ochab, le premier secrétaire du PC, comprend à l’automne qu’un seul homme peut sauver la mise, Wladyslaw Gomulka, un ancien dirigeant emprisonné après 1949. Excédée et inquiète, la direction soviétique tempête, menace. Les 19 et 20 octobre, après une visite houleuse en Pologne, Khrouchtchev est prêt à envoyer les chars soviétiques. Des ordres sont même donnés, l’état-major du maréchal Joukov se met en ordre de bataille. Au dernier moment, le secrétaire général renonce. Il sait que le sentiment antirusse peut déchaîner la colère de la population. Et, surtout, il sent qu’une partie plus difficile encore est en train de se jouer en Hongrie.
Il est vrai que ce pays a déjà connu une période troublée après 1953. Une première tentative de libéralisation du régime y est tentée, sous la houlette du communiste Imre Nagy. Elle échoue et les conservateurs locaux reprennent la main. En 1956, ils sont face à une explosion. Mais nul, à la tête de l’État hongrois, n’a la clairvoyance d’Ochab. En octobre, les intellectuels se mobilisent et des conseils ouvriers se forment un peu partout, défiant le régime. Le 23 octobre, une manifestation, interdite puis autorisée, rassemble près de 300 000 personnes à Budapest. Le secrétaire général du PC s’affole, des coups de feu sont tirés, des casernes sont prises d’assaut. La manifestation tourne à l’émeute.
Le 24 octobre, dans la nuit, des troupes soviétiques entrent en Hongrie. Entre-temps, les dirigeants hongrois se sont résolus à remettre au pouvoir Imre Nagy, pour calmer la tension. Il est trop tard. Ni la présence des Soviétiques ni les discours rassurants du nouveau chef de gouvernement ne peuvent arrêter les émeutiers. Conscient du caractère massif de la colère, patriote convaincu, Nagy lâche de plus en plus de lest.
Les Soviétiques vont-ils l’admettre ? Dans un premier temps, ils s’y résolvent, à l’instigation du chef de leur diplomatie, Anastase Mikoyan. Le 30 octobre, désarçonnés par la persistance de la contestation, les dirigeants du Kremlin décident de donner des gages sérieux aux insurgés de Budapest. Ils amorcent le retrait des troupes soviétiques et adressent aux leaders des démocraties populaires une résolution qui desserre de façon spectaculaire le contrôle que l’URSS fait peser sur le « bloc » oriental.
Ce jour-là, tout le monde est d’accord pour jouer la carte de l’apaisement. Même les traditionalistes les plus acharnés, Viatcheslav Molotov en tête, ont dû appuyer la proposition d’ouverture de Khrouchtchev.
La résistance écrasée en quelques jours, le contrôle soviétique intactOr, le lendemain matin, après une nuit de veille et d’angoisse, le numéro un a changé d’avis. « Il faut réévaluer la situation. Il ne faut pas sortir nos troupes de Hongrie ou de Budapest. C’est à nous de prendre l’initiative de rétablir l’ordre dans ce pays. » Khrouchtchev n’a pas eu le courage de prolonger ses audaces du début d’année. Harcelé à Moscou par les conservateurs, critiqué par le mouvement communiste international, il ne veut pas être taxé de liquidateur d’une puissance soviétique durement forgée dans le second conflit mondial. Cette fois, il n’est pas seul. Le maréchal Joukov, conciliant la veille, acquiesce au nouveau cours. Son collègue, le maréchal Koniev, met en place le plan « Tornade ».
Le 1er novembre, avant l’aube, ses troupes marchent vers Budapest. Le 4 novembre, elles lancent l’offensive pour écraser la « contre-révolution ». En quelques jours, la résistance est balayée. Nagy, réfugié à l’ambassade de Yougoslavie, est arrêté le 22 novembre et transféré en Roumanie, pour être secrètement exécuté deux ans plus tard. Les combats et la répression sont sans pitié. On évoque près de 3 000 morts, plus de 25 000 arrestations, des centaines d’exécutions, 13 000 emprisonnés et 300 000 exilés.
Le régime communiste hongrois est préservé, le contrôle soviétique est intact. Mais si le communisme n’est pas d’un seul siècle, celui du XXe est fragilisé. Sa variante soviétique ne parviendra jamais à effacer la tache de novembre 1956.
Roger Martelli
Les Amis des combattants en Espagne républicaine inaugurent samedi un monument en hommage aux brigadistes internationaux.
Les étreintes sont puissantes, et vigoureuses ; d’autres plus discrètes. À la nuit tombée, sur ce quai, les effusions transpirent l’espoir mais également l’appréhension avant le grand saut. Des femmes et des hommes s’en vont, au front, eux qui cultivent une aversion pour la guerre. Gare d’Austerlitz, point de départ pour l’Espagne via Perpignan. Depuis le 18 juillet 1936, des généraux ont rompu l’ordre de la Seconde République. En Allemagne, au Portugal ou encore en Italie, les fascistes sont déjà à l’œuvre. Partir en Espagne, c’est défendre Paris, Londres, l’Europe et le monde de la bête immonde.
Dès les premières heures du soulèvement militaire sous la férule de Franco, des sportifs progressistes sont à Barcelone pour participer aux Olympiades populaires. Ils prendront les armes, iront sur les barricades aux côtés de leurs frères espagnols progressistes. Ce sont les premiers volontaires internationaux. S’ensuivront des milliers d’autres, 35 000 au total, venus de plus de 53 nations, dont près de 10 000 Français qui, par clairvoyance du danger qui menace les démocraties, s’engagent pour défendre le jeune Front populaire sorti victorieux des urnes espagnoles en février 1936. Ces hommes et ces femmes « se levèrent avant le jour », selon l’expression du colonel Henri Rol-Tanguy, le métallo qui s’engagea comme brigadiste, puis devint chef de la Résistance avant d’être connu comme le libérateur de Paris. Ont-ils seulement conscience qu’ils s’apprêtent à rédiger, souvent au prix de leur vie, l’une des plus belles pages de l’histoire du XXe siècle, celle de la paix, de la fraternité ?
Paris, épicentre de la solidaritéCes femmes et ces hommes sont communistes, syndicalistes, anarchistes. Ce sont des internationalistes de cœur et de raison. De l’autre côté des Pyrénées, le Front populaire avance un programme de progrès et de justice sociale qui bouscule l’ordre établi par une bourgeoisie, une armée et une Église profondément réactionnaires. Les gradés félons voient l’Espagne vaciller entre réformes et révolution. Insupportable à leurs yeux. En France, le 15 août 1936, le gouvernement français du Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum, fait le choix de la « non-intervention », livrant à leur sort les démocrates espagnols.
Rue Mathurin-Moreau, désormais siège du PCF, ou encore à la Maison des métallurgistes – où des plaques d’hommages ont depuis été apposées –, les militants se pressent pour venir en aide à la République menacée. Le 22 octobre, cette dernière donne son feu vert à la création officielle des Brigades internationales. Paris devient un épicentre de la solidarité. D’autres rejoignent l’Espagne en bateau ou encore à pied. Albacete sera le QG militaire de ces combattants de la paix qui seront des dures batailles sur les fronts, comme à Madrid où le bataillon Commune de Paris dispute avec ferveur le terrain aux fascistes pressés de faire tomber la capitale. En 1938, sur le fleuve de l’Èbre, ils livrent leur dernier combat. 10 000 d’entre eux ne reverront jamais leur pays.
L’oubli, voire le déni ceinturent encore cette fantastique épopée des Brigades internationales dont on célèbre cette année le 80e anniversaire. Il aura fallu le courage et la ténacité de l’association des Amis des combattants en Espagne républicaine, et son inlassable travail de mémoire, pour qu’enfin justice soit (un peu) faite, avec l’inauguration samedi d’un monument en hommage aux volontaires internationaux (1), gare d’Austerlitz, que nombre d’entre eux ne refoulèrent plus jamais.
Ces interbrigadistes, sous la plume du poète communiste espagnol Miguel Hernandez, avaient pourtant « des âmes sans frontières, le front balayé de mèches du monde entier, couvert d’horizons, de bateaux, de cordillères, de sable et de neige ». Ils ont répondu « à la coupable non-intervention (…), prêts à mourir loin de chez eux la tête hantée par un idéal. Ils ont porté la solidarité ouvrière en bandoulière », encensent Jean Ortiz et Dominique Gautier dans un bouleversant documentaire consacré à ces héros et héroïnes (2). «Que reste-t-il aujourd’hui des mythiques Brigades internationales ? » interrogent-ils, lors d’un voyage à Albacete. L’hagiographie franquiste s’est chargée de les ravaler au rang de sbires staliniens avides de sang et d’or au même titre que les républicains encore ensevelis dans les fosses communes, et à qui les autorités, dans un silence complice, refusent toujours de rendre justice. De ce côté-ci de la frontière, les manuels d’histoire souffrent de la même dangereuse amnésie, taisant ainsi le combat pourtant précurseur qu’ont livré ces femmes et ces hommes contre le fascisme et qu’ils ont poursuivi pour libérer la France.
Cour de la gare d’Austerlitz donc, à quelques encablures du quai où des volontaires internationaux ont embrassé une dernière fois les leurs.
Les 30 septembre et 1er octobre 1946, presque un an après la première réunion du tribunal, le jugement est rendu. Le 1er octobre, dernier jour du procès, la culpabilité de chaque accusé est exprimée et les peines sont prononcées. Sur les 24 hommes accusés, 12 sont condamnés à mort.
Dès 1943, les alliés manifestent la volonté commune de châtier les criminels de guerre. Ainsi, dans la déclaration du 30 octobre à Moscou, Américains, Britanniques et Soviétiques, les « trois grands », s’élèvent contre les « atrocités allemandes dans l’Europe occupée », « la brutalité et la cruauté jamais vues » dont les SS et la Wermacht se rendent coupables. C’est à Londres, en août 1945, que les quatre puissances occupantes définissent le statut d’un tribunal militaire international appelé à juger les principaux criminels de guerre, le jugement des autres étant du ressort des pays où les atrocités ont été commises (1).
Les alliés choisissent pour siège Nuremberg, presque entièrement détruite, en raison de sa valeur symbolique : c’était là que le parti nazi avait tenu ses congrès. Le procès s’ouvre le 20 novembre 1945 et dure plus de dix mois. Joseph Kessel, reporter pour France-Soir, écrit : « Il s’agissait de mettre tout à coup les criminels face à face avec leur forfait immense, de jeter pour ainsi dire les assassins, les bouchers de l’Europe, au milieu des charniers qu’ils avaient organisés, et de surprendre les mouvements auxquels les forcerait ce spectacle, ce choc. » Chacune des quatre puissances dispose d’un juge et d’un suppléant. Pour la France, il s’agit de Henri Donnedieu de Vabres suppléé par Robert Falco.
En dix mois 94 témoins sont appelés à la barreQuatre chefs d’accusation peuvent être retenus : complot, crime contre la paix, crime de guerre, crime contre l’humanité. De nombreux témoins originaires de pays asservis et des rescapés des camps sont appelés à témoigner. L’accusation soviétique détaille les crimes commis en Europe orientale. L’accusation française, avec comme procureur François de Menthon puis Auguste Champetier de Ribes, assistés notamment par Edgar Faure et Joé Nordmann, fait de même pour l’Europe occidentale. Outre la masse de documents réunis, dont la lecture donne aujourd’hui un sentiment d’horreur, en dix mois 94 témoins sont appelés à la barre, 61 pour l’accusation, 33 pour la défense.
Celui de Marie-Claude Vaillant-Couturier, le 28 janvier 1945, résistante, députée communiste, rescapée d’Auschwitz et de Ravensbrück, fait forte impression. Elle apporte un témoignage direct de l’élimination des juifs dans les chambres à gaz et provoque des passes d’armes mémorables avec les nazis et leurs défenseurs.
Le 1er octobre 1946, le tribunal rend son verdict. Vingt-deux sentences sont prononcées pour 24 accusés, vu l’état physique et mental de l’industriel Gustave Krupp et le suicide en prison le 25 octobre de Robert Ley, le chef du Front du travail.
Il y a douze condamnations à mort, dont une par contumace à l’encontre de Martin Bormann. Göring se suicide en avalant une capsule de cyanure, et dix condamnés, dirigeants du parti nazi et chefs de la Wermacht, sont exécutes par pendaison : Ribbentrop, Rosenberg, Franck, Frick, Streicher, Sauckel, Seyss-Inquart, Keitel, Jodl et Kaltenbrunner. L’amiral Raeder, le ministre de l’Économie Funket, Rudolf Hess sont condamnés à la détention perpétuelle. Albert Speer, Von Schirach, Neurath et l’amiral Dönitz à des peines plus légères.
Les acquittements de Von Papen, ancien vice-chancelier d’Hitler en 1933, de Schacht et de Fritzsche provoquent de nombreuses protestations, comme le fait que les différentes organisations incriminées, la hiérarchie du parti nazi, SS, Gestapo et SA, sont toutes déclarées coupables, mais ni le gouvernement du Reich et ni l’état-major.
Le réquisitoire de Robert Jackson, le procureur général américain, situe bien les enjeux : « La civilisation demande si le droit est lent au point d’être absolument inefficace lorsqu’il s’agit de crimes d’une telle ampleur… Elle n’espère pas que vous puissiez rendre la guerre impossible, mais elle espère que votre décision placera la force du droit international, ses prescriptions, ses défenses et surtout ses sanctions, au service de la paix, de sorte que les hommes et les femmes de bonne volonté, dans tous les pays, puissent avoir la permission de vivre sans en demander l’autorisation à quiconque, sous la protection du droit. »
Malgré ses insuffisances et la fragilité juridique d’un « tribunal des vainqueurs » s’appuyant sur la rétroactivité des délits, le défaut de caractérisation du génocide des juifs et des tsiganes, l’absence de nombreux coupables, Nuremberg crée un précédent historique de grande valeur. Pour la première fois, des crimes monstrueux, le massacre de millions d’hommes, ne restent pas impunis. Le tribunal pose les jalons d’un nouveau droit des peuples. La qualité des documents et des témoignages constitue une somme d’une grande valeur pédagogique sur les forfaits du nazisme. En ce sens, comme le déclarait Marie-Claude Vaillant-Couturier, il constitue bien un « progrès pour la conscience humaine ».
« Je pensais en les regardant : regardez-moi car, à travers mes yeux, ce sont des centaines de milliers d’yeux qui vous regardent, par ma voix ce sont des centaines de milliers de voix qui vous accusent. Une des hantises de tous les déportés dans les camps était l’idée que nous puissions tous disparaître sans laisser de trace et que les crimes qui s’y commettaient puissent demeurer ignorés du monde extérieur. Le travail accompli parle Tribunal militaire international a non seulement aidé à les révéler au monde, mais à ce qu’ils demeurent dans l’histoire de façon indélébile. »Allocution d’ouverture de Marie-Claude Vaillant-Couturier au colloque organisé par la FNDIRP, quarante ans après Nuremberg, le 24 octobre 1986 au Sénat.
Aux frontières de l’Europe, des hommes et des femmes, déterminés, se battent pour surmonter les barrières que l’UE leur oppose. Face à cette réalité, la réalisatrice Nathalie Loubeyre nous propose dans son film "la mécanique des flux", un regard, à la fois proche, sensible et cinématographique, sur ces héros qui, avec pour seules armes la force de leurs rêves et leur vitalité, affrontent une violence qui ne dit pas son nom, décidant ainsi de leurs vies, envers et contre tout.
Pour l'historien Benjamin stora, si la parole s'est libérée en France sur la guerre d'algérie, cela s'est fait en ordre dispersé, faisant craindre une guerre de « mémoires ». pour y mettre fin, le combat politique est « fondamental », selon lui, surtout de la part de la gauche française.
NOSTALGÉRIE, l’interminable histoire de l’OAS. La nostalgie des temps – souvent idéalisés – de la jeunesse est une sensation légitime. A fortiori lorsqu’elle s’ajoute à celle d’un pays irrémédiablement perdu, l’Algérie.
Pour des centaines de milliers d’Européens qui y étaient nés, qui y ont naguère vécu, elle s’est transformée en une Nostalgérie, beau mot chargé d’émotion et de mélancolie. Le drame commence lorsqu’on constate qu’une seule famille politique, les activistes de l’Organisation armée secrète (OAS) s’est emparée de ce sentiment et l’a instrumentalisé à des fins revanchardes.
L’OAS est un paradoxe de l’histoire. Si l’on s’en tient à son activité, elle n’aura eu que deux ou trois années d’existence. De plus, si elle a été soutenue par une majorité de la population européenne d’Algérie, seuls quelques centaines d’hommes ont réellement pris les armes et mené des actions terroristes. Et pourtant, cette OAS a durablement – mais négativement – marqué l’histoire. Elle a d’abord dramatiquement aggravé les derniers mois de la guerre d’Algérie, exaltant le racisme le plus sordide, assassinant en tout premier lieu ceux qu’elle persistait à appeler les « indigènes » (80 % de ses victimes furent des Algériens), mais aussi des centaines de Français désignés comme « libéraux ». Elle a ensuite manipulé la masse des Européens d’Algérie, cultivant les rancœurs, faisant naître les haines, l’entraînant dans une impasse dont beaucoup ne sont jamais sortis. Elle a enfin réussi à agréger à sa mauvaise cause une partie du monde politique français, bien au delà de l’extrême droite. Il a paru nécessaire de faire un point sur l’histoire de ce mouvement. Depuis plus d’une décennie, il n’existait plus d’histoire globale de l’OAS. Le travail fouillé, documenté, d’Alain Ruscio, est une réponse à l’un des derniers négationnismes que véhicule encore l’histoire coloniale. Alain Ruscio, docteur en Histoire, a consacré l’essentiel de ses travaux, depuis bien des années, à l’histoire coloniale.
La parole libère. Elle structure les actes personnels et contribue aux choix collectifs. Mais elle doit être responsable.
René Piquet
La parole libère. Elle structure les actes personnels et contribue aux choix collectifs. Mais elle doit être responsable.
Il en est ainsi pour les attentats. Le drame et son épaisseur humaine, l’émotion ressentie, n’autorisent pas tout. Nul ne doit, comme le papillon, obéir à tous les souffles. La lucidité personnelle et le discernement sont la condition de l’efficacité de la parole et de la solidarité qu'elle entend exprimer dans les actes.
Dans cette parole rien, moins que jamais, n’autorise l’invective. Je le répète souvent, les mots qui forcent la voix portent un nom : la vulgarité. Ils témoignent du manque de respect d’autrui dans le débat et la confrontation nécessaires. Pis encore, ces mots témoignent d’une absence d’idées ou de la volonté de les dissimuler pour taire ses objectifs. Je pense au débat de mardi dernier à l’Assemblée Nationale.
Mais, dans la situation actuelle, tout doit pouvoir être dit. De l’émotion, de l’inquiétude, mais aussi de la détermination de chacun à prendre ses responsabilités dans les choix politiques à faire.
Comme vous, je ne suis pas le berger qui jette au torrent son pipeau. Je veux pouvoir dire que le concept de guerre n’est pas acceptable. Qu’a aucun titre il n’est la solution. Qu’il y a de nombreux moyens d’éradiquer le terrorisme. Que le système de domination qui prévaut à l’échelle de la planète, mutile les hommes et fait naître et se développer les foyers de la violence la plus barbare. Je veux pouvoir dire que la politique de la France, en ce domaine, doit être réorientée.
On sait, et l’on peut si on le veut, développer des relations de coopération avec les autres pays, pour lutter contre le terrorisme, contre les guerres, contre la pauvreté. Dénoncer les refus ou les complicités cachées.
On sait, et l’on peut si on le veut, isoler un foyer de guerre de ses moyens financiers, de ses fournitures militaires, de ses contacts extérieurs.
On peut tout cela. Sans mesure attentatoire à la liberté des citoyens, ni à la dignité des pays et des peuples.
On peut si on le veut.
« C’est une bataille que nous avons perdue », mesure sans désespérer Roger Hillel. Dans son livre la Triade nostalgériste, le journaliste au Travailleur catalan revient sur les étapes clés qui ont à ses yeux fait du Perpignan d’aujourd’hui « la capitale de l’Algérie française ». En 2003, une stèle est érigée à la gloire des criminels de l’OAS dans le cimetière communal nord. En 2007, un mur des Français d’Algérie disparus, truffé d’erreurs, est édifié. En 2012, enfin, le Centre national de documentation des Français d’Algérie, qui donne une vision « édulcorée, frelatée et incomplète de l’histoire », est inauguré. « Dans les deux derniers cas, nous avons fait face au Cercle algérianiste des Pyrénées-Orientales, qui était à la manœuvre et a complètement tourné le dos à l’histoire scientifique. Ces nostalgiques de la colonisation ont transformé leur mémoire en histoire officielle, avec la complicité des institutions. »
L’ancien professeur d’université et militant PCF raconte dans son récit comment le collectif citoyen Pour une histoire franco-algérienne non falsifiée, et l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis, dont il fait partie, ont tenté, mètre après mètre, de s’opposer non pas au devoir de mémoire, mais à la sacralisation d’une vision unilatérale des événements allant de 1830 à 1962. « Pour être efficaces et pleinement utiles, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait absolument recourir aux travaux des historiens plutôt que de s’affronter sur le terrain des idéologies. Nous avons tout fait pour dépassionner le débat, avec des spécialistes de tous bords, pour en finir avec les guerres de mémoire, et honorer toutes les victimes. Mais nos efforts ont sans cesse été repoussés par la municipalité », regrette-t-il.
Paul Alduy, maire de la ville de 1959 à 1993, parlait déjà en son temps de la « légitimité » des opérations terroristes de l’OAS. Son fils Jean-Paul Alduy (UDF, puis UMP, puis UDI), maire de 1993 à 2009, a lui aussi courtisé l’électorat pied-noir le plus réactionnaire. « Mais c’est vraiment son premier adjoint, et maire actuel, Jean-Marc Pujol (UMP), qui a permis au Cercle algérianiste de se livrer à une surenchère mémorielle », analyse Roger Hillel. L’élu visé, qui avait balayé d’un revers de main la possibilité d’un comité scientifique pluriel pour le Centre de documentation, sous le prétexte fallacieux que recourir, en partie, à des historiens communistes, c’est « comme si on me demandait d’intégrer des anciens nazis repentis pour parler du IIIe Reich », met aujourd’hui en berne les drapeaux de la mairie de Perpignan tous les 19 mars, date anniversaire de la fin des combats entre l’armée française et le FLN.
La première partie de cette « triade » a été inaugurée dans le secret en 2003 à l’initiative de l’Adimad (1) avec le soutien de la municipalité. Le Mrap et la LDH, entre autres, l’apprennent en 2006. Et tombent des nues en voyant cette stèle dédiée « aux fusillés, aux combattants pour que vive l’Algérie française ». Y sont gravés les noms d’une centaine d’activistes de l’OAS, considérés comme « martyrs » et « résistants » par les nostalgériques. L’action de collectifs progressistes contre ce monument, et ses jumeaux de Marignane et Aix-en-Provence, obtiendra des modifications, mais jamais leur retrait complet.
Le cas du mur en hommage aux Français d’Algérie disparus est moins scandaleux. Pensé pour les civils pieds-noirs morts durant le conflit, « il aurait pu pleurer toutes les victimes de la guerre, mais possède pleinement sa légitimité, et vient soulager la douleur réelle de tous ceux qui ont perdu des proches », argumente Roger Hillel. Mais là où le bât blesse, c’est que des noms de membres de l’OAS y figurent quand celui du communiste Maurice Audin est absent. « Plus surprenant encore, il compte environ 40% d’erreurs, selon le calcul de l’historien Jean-Jacques Jordi, pourtant loin d’être hostile au Cercle algérianiste. À peu près 900 noms ont été gravés abusivement, dont ceux de personnes qui ont survécu à la guerre ! Ceux-là, nous les avons fait retirer », poursuit Roger. Les promoteurs du mur payent ici leur aversion totale pour les historiens, et entachent un monument pourtant utile. Ils maintiennent encore aujourd’hui cette liste, sous prétexte qu’elle émane du ministère des Affaires étrangères, qui, pour sa part, précise qu’elle ne peut « être considérée comme officielle ».
Le tour de force final est arrivé avec le Centre de l’œuvre française en Algérie, depuis rebaptisé pour voir le jour dans le couvent Sainte-Claire, « ancienne prison où est emprisonnée l’histoire », déplore Roger Hillel. À l’intérieur, il a eu un haut-le-cœur. La présence française en Algérie y est « glorifiée » sans contre-point de vue. On y célèbre la conquête de l’Algérie « sans parler des massacres, sans parler des dépossessions foncières, sans parler du Code de l’indigénat ! La vitrine sur les huit années de guerre est partielle et ne mentionne même pas l’OAS ».Ce centre fut inauguré en présence de Gérard Longuet, ancien fondateur du groupuscule d’extrême droite Occident, à l’époque ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy, qui avait tenu à faire passer un message contre ce qu’il appelle « la repentance ».
« À Perpignan, dans le sud, et dans le reste de la France, tout cela participe à la réhabilitation des idées colonialistes dans un climat où droite et extrême droite se concurrencent. C’est extrêmement grave ! Partout, ce modèle, en Algérie, en Afrique du Sud, en Irlande du Nord, en Israël, n’a apporté que des drames terribles et mené les peuples dans le mur », conclut Roger Hillel.
Une Histoire française, dont l’action se déroule entre 1766 et janvier 1789, est désormais disponible en poche. Quelle a été la genèse de ce roman ?
Valère Staraselski. Le déclencheur a été un discours de Louis XV en lit de justice réaffirmant les principes de la monarchie absolue alors que vingt-cinq ans plus tard la révolution démarrait. On trouve dans cette période ce que j’appelle des constantes. Je n’en citerai qu’une : il y avait ceux qui ne juraient que par le Marché et ceux qui prônaient la régularisation de l’économie par l’Etat !... La France, vieille nation, est faite de tensions qui, s’affrontant dans les institutions, sont en définitive créatrices de ce qu’on appelle aujourd’hui la citoyenneté. Il y a alors un très haut degré politique dans ce pays qui a inventé depuis Clovis la nation civique contre la nation ethnique.
Depuis quelques années le mot nation est employé par la droite de manière un peu forcenée, qu’en pensez-vous ?
V.S.Notre période est celle d’une destruction intense par un capitalisme généralisé. Il est visible qu’il manque des repères possibles et forts pour les plus fragilisés et que ces derniers sont et seront de plus en plus nombreux. Ainsi que le rappelait Pierre Manent : « L’Etat est de moins en moins souverain et le gouvernement de moins en moins représentatif. Les instruments politiques de la nation démocratique sont de plus en plus fonctionnels et de moins en moins politiques ». Ajoutons à cela, la remarque de Stéphane Rozès : « Si le travailleur ne retire plus de fierté de sa fonction, il se replie facilement sur celle d’être français ». Enfin, le système consumériste impose sa culture singulièrement avec « la tyrannie du présent », cet « éternel présent » évoqué par Hobsbawm dans L’Âge des extrêmes. Cette autre face, pour lui, de « la perte d’autonomie économique et monétaire du pays, du relâchement du lien social, de la montée de l’incivisme et de l’incivilité, et surtout de la poussée de l’individualisme hagard et du multiculturalisme ». Tout cela, le discours, je dis bien le discours, de la droite le prend en charge de manière offensive alors qu’il fait, selon moi, défaut à gauche.
Comment ça ?
V.S. Eh bien parce que nous avons à faire à la gauche libérale et une « deuxième gauche », Aragon disait « la petite gauche », qui véhicule majoritairement, selon moi, du gauchisme politique et culturel qui donne le la. Du reste, cela se manifeste dans le fait que les couches populaires, le peuple, ont disparu de l’écran. Or, le peuple a bien évidemment une histoire et l’on sait dès lors qu’on ignore les racines, il y a un retour du refoulé. Aujourd’hui, ce retour s’appelle notamment Nation. Et la droite l’a bien compris ! Dans les années 1930, après le désastre allemand – l’écrasement de la gauche désunie tout entière au profit des nazis – l’Internationale communiste a fini par agir. Les messages de Thorez à Staline portant une ligne nationale et d’union sont à cet égard significatifs. Ils seront du reste publiés pour l’anniversaire du Front populaire, l’année prochaine… Le PCF, on le sait, a joué, dans un contexte international inédit, un rôle majeur pour que la France puisse rester la France.
Alors, que faire ?
V.S. Le problème c’est qu’on ne peut pas s’en tenir essentiellement à la discrimination et ne plus porter la dimension de classe. Or, aujourd’hui, construire une alternative au capitalisme destructeur suppose de dépasser la logique des extrêmes constituée par le nationalisme comme par le communautarisme. Je suis assez d’accord avec Fidel Castro sur l’échec du premier communisme politique. Pour lui, les communistes n’ont notamment pas su intégrer la nation, la religion, l’Etat. Gramsci ne dit pas autre chose… Une histoire française nous rappelle que notre nation s’est fondée par un combat pour des valeurs universelles. Quant à moi, je m’en tiens à Marc Bloch : « l’ignorance du passé ne se borne pas à nuire à la connaissance du présent : elle compromet, dans le présent, l’action même. »
(1) Une histoire française, Valère Staraselski, De Borée, 608 pages, 8,90 €.