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Date de création : 31.03.2011
Dernière mise à jour : 24.11.2025
37122 articles


Histoire

Jour historique: les députés doivent entendre le pays

Publié le 17/02/2020 à 11:55 par andrenicolas Tags : sur texte news mode roman partage des richesses
Jour historique: les députés doivent entendre le pays
Démocratie. Jour historique à l’Assemblée : les députés doivent entendre le pays
Lundi, 17 Février, 2020

La réforme des retraites arrive aujourd’hui dans l’Hémicycle, après des semaines de mobilisation sociale. Les députés LaREM écouteront-ils les Français ?

Les élus de la majorité ont rendez-vous avec l’histoire : le texte de la réforme des retraites arrive cet après-midi dans l’Hémicycle. Devant cette responsabilité immense, les députés LaREM feraient bien de relire de toute urgence la Constitution. C’est écrit noir sur blanc dans la loi fondamentale : « La souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. » Les macronistes qui siègent au Parlement en ont-ils seulement conscience ? Car le projet de destruction d’un droit à une retraite digne et véritable voulu par Emmanuel Macron est contesté de toutes parts. Le président de la République a d’ores et déjà perdu la bataille de l’opinion. Il est minoritaire dans le pays, et n’a pour seule majorité que celle élue à l’Assemblée nationale en 2017. Une majorité pour l’instant sourde aux appels des Français, qui s’enferme dans un Palais-Bourbon déconnecté du pays.

www.referendum.interieur.gouv.fr/soutien/etape-1
http://www.humanite.fr/
Suivez la progression des soutiens sur le site
https://www.adprip.fr/

la libération des camps révèle le système génocidaire nazi

Publié le 27/01/2020 à 09:03 par andrenicolas Tags : course mort histoire texte news mode roman
la libération des camps révèle le système génocidaire nazi
Histoire. Il y a 75 ans, la libération des camps révèle le système génocidaire nazi
Lundi, 27 Janvier, 2020

Le 27 janvier 1945, le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau est libéré par les troupes de l’Armée rouge. Jusqu’en avril et la libération des autres camps, ce sera une course contre la mort pour sauver les déportés rescapés.

http://www.humanite.fr/

à la Libération, la France n’a pas été "épurée".

à la Libération, la France n’a pas été "épurée".
Une Bible qui met le feu à un mythe : à la Libération, la France n’a pas été "épurée".
Jacques-Marie BOURGET

Nos têtes sont parfois un bric-à-brac digne du vide grenier. Beaucoup d'idées fausses, ou tordues, ou vermoulues. Même pour un homme généreux ou "bien intentionné", la répétition des mensonges à la cadence du langage pic-vert, finissent par nous faire croire (un peu) à trop d'odieuses sottises sur la Résistance, la Libération, l'Epuration. A un moment où le communisme, le progressisme, sont en voie d'interdiction par décret européen, le bouquin d'Annie Lacroix-Riz est une tente à oxygène.

A l’approche de la Toussaint si le Parlement européen ne sait plus quoi faire, ne sachant auxquels de tous ces saints il doit se vouer... si Bruxelles se retrouve donc subitement en état de de crise en thèmes, je lui suggère une urgence. Et je m’étonne, dans la foulée de son vote sur l’interdiction du communisme en Europe, que les frères de Juncker n’y aient pas pensé : il faut interdire l’historienne Annie Lacroix-Riz. La brûler (si possible ailleurs que sur la place du Vieux Marché à Rouen, cité bien assez enfumée).

Lacroix-Riz étant récidiviste, le sursis tombe. Avec elle, inutile de prendre des gants ou des pincettes à foyer : au bûcher ! L’historienne qui fait des histoires. De l’Histoire. Naguère cette ennemie de l’intérieur a déjà révélé que, pendant la Seconde guerre la France a produit du Zyclon B. Le gaz qui a alimenté l’extermination dans les camps de la mort. Ecrire qu’en toute connaissance de cause, avec un génocide au bout de la chimie, que d’aucunes de nos élites industrielles tricolores aient pu prêter la main à Eichmann ne relève-t-il pas d’un délit majeur, celui de l’anti-France ? C’est vous dire si Annie Lacroix-Riz est adorée aux péages du capitalisme, sur les autoroutes du pouvoir. Universitaire mondialement reconnue – mais jamais conviée à s’exprimer – Lacroix-Riz tire son savoir, ses révélations fulgurantes, de sa puissance de travail, de son courage. Et du fait qu’elle dorme dans les cartons de salles d’archives, ce qui lui met les cotes en long, donc plus faciles à lire. Quand un imprudent lui oppose un argument boiteux, le malheureux, par exemple, prend sur la tête l’archive 77554 B, une sorte de kalachnikov du savoir, qui prouve tout le contraire de ce vient d’affirmer le hardi expert. La force de Lacroix-Riz c’est qu’elle n’écrit pas, elle tisse. Collés les uns aux autres les documents reprennent vie et font cracher la vérité à l’Histoire. Quand Annie Lacroix-Riz écrit quelque chose, il ne reste à ses contradicteurs qu’à fermer le cercueil à mensonges. C’est dire si cette statue de la Commandeuse est une emmerdeuse.

De son avant-dernier opus, Industriels et banquiers français sous l’occupation (éditions Armand Colin), je retiens une perle qui me plait beaucoup. Qui montre que les hommes nés dirigeants finissent toujours par diriger. Et survivent à tous les crimes afin de faire tourner le monde comme il leur convient. Le Xerox social, la « reproduction de classe » existe depuis l’invention de l’injustice. Et c’est cette loi fondamentale du capital qui a fait que, même criminel pendant l’occupation, le bien-né retrouvait vite sa splendeur après un petit moment d’ombre. L’anecdote que je retiens dans « Industriels et Banquiers » se rapporte à Pierre Taittinger, patriarche d’une dynastie qui, aujourd’hui garde toutes ses plumes. Taittinger, fondateur de la maison de champagne, président du Conseil de Paris nommé par Pétain, est un homme dont le butin n’est jamais assez lourd. Par la copie d’une lettre, Annie Lacroix- Riz nous montre ce Taittinger, le 3 février 1944, écrivant à son ami Lucien Boué, directeur général de « l’aryanisation des biens juifs ». De la lourdeur de sa plume, ce Taittinger s’en vient pousser les feux sous la fortune de son beau-frère Louis Burnouf. Il tance l’immonde Boué qui, dans l’administration des « biens juifs », n’a pas été assez généreux avec le beauf : « Ce qui lui a été réservé jusqu’ici constitue un ensemble de broutilles, plutôt qu’en occupation sérieuse ». Résumons en 1944, après de multiples demandes du même genre, ce Taittinger, lui-même ou par le biais d’amis, règne sur un vaste ensemble de biens volés aux juifs. Et que croyez-vous qu’il arriva, quand De Gaulle et la IIe DB parvinrent à Paris ? Pas grand-chose. Taittinger, l’admirateur de l’entreprise nazie va passer six mois au placard, être déchu de ses droits civiques et inéligible pendant 5 ans. Champagne !

Ici j’en arrive au nouveau bouquin de Lacroix-Riz : « La Non Epuration » toujours chez le courageux éditeur Armand Colin L’anecdote Taittinger est un bon miroir de l’ouvrage. La descendance Taittinger est toujours aux manettes du capitalisme, aux carrefours du pouvoir, à Sciences-Po par exemple. En 1978, dans un entretien donné à Philippe Ganier-Raymond, Darquier de Pellepoix, le Commissaire aux Affaire Juives, héros non épuré, a déclaré : « Á Auschwitz on n‘a gazé que des poux ». On pourrait paraphraser cette ordure d’hier, cette vieille ordure, et écrire avec les mots du Nouveau Monde : « Á la Libération on n’a épuré que des sans-nom, des gens-qui-n’existaient-pas » et pas grand monde au sein des deux cents familles. L’argument qui veut que le Général ait lui-même prêché pour une épuration épargnant les « d’élites » afin qu’elles structurent l’administration de la République, ne tient pas le coup. La prescription de De Gaulle est marginale. L’épuration n’a pas eu lieu parce que les hommes chargés de juger les collaborateurs étaient leurs cousins, leurs amis de lycée, leurs compagnons de conseils d’administration ou de Cour au tribunal. Des deux côtés de la barre, à quelques égarés près, se trouvaient les mêmes familles, en puzzle. Pas question de se bannir dans l’entre soi alors que les communistes, sortis des maquis avec leurs pistolets-mitrailleurs, étaient prêts, disait-on, à prendre le pouvoir. On retrouvait la consigne d’avant-guerre qui voulait qu’Hitler était préférable au Front Populaire, cette nous avions : « Mieux vaut les bulles de Taittinger que le rouge du PCF ».

Á la Libération si les hommes des maquis ont bien exercé cette forme de justice lapidaire, commencée durant la guérilla de la Résistance, elle fut faible. Le livre la décrit et la rétablit dans son rôle historique. Et opère une démystification salutaire puisque perdure l’idée fausse d’une épuration accomplie comme une « boucherie communiste ». Alors que les FTP, dans l’urgence du coup de commando, n’ont épuré que les traîtres les plus visibles, et accessibles. Vite désarmés en 1944, expédiés sur le champ de bataille en Allemagne, les héros des maquis ont été contraints de céder le nettoyage de la France vert de gris à des gens plus raisonnables qu’eux. L’épuration née dans le maquis a vite cédé la main à des magistrats professionnels, dont Annie Lacroix-Riz dresse un tableau qui donne la nausée. Rappelons-nous qu’en 1940 le juge Paul Didier fut le seul à refuser de prêter le « Serment de fidélité à Pétain ». C’est dire si les épurateurs relevaient, eux-mêmes, des sanctions qu’ils étaient en charge d’appliquer.

Au fil du temps cette épuration en caoutchouc mou a tourné à la mascarade. Pour Annie Lacroix-Riz, se plaindre de cette épuration fantôme n’est pas en appeler aux balles des pelotons, au fil de la guillotine. Une véritable épuration économique aurait été la mesure la plus juste et utile pour le pays. En commençant par la nationalisation de tous les biens, de toutes les fortunes des collaborateurs, parallèlement reclus pour une peine plus ou moins longue. Rien de tout ceci n’a eu lieu et la nationalisation de Renault est un petit arbre masquant l’Amazonie.

Très vite, les réseaux du pouvoir d’avant-guerre, non éradiqués, reprenant force et vigueur, se mettent en marche pour sauver la peau des amis collabos. L’urgence est de gagner du temps : chaque jour les tribunaux montrent une indulgence plus grande que la veille. Jusqu’en 1950, où ces crimes devenus lassants, rengaines, ont été étouffés sous les oreillers de l’histoire. En Corée les communistes montrent qu’ils veulent conquérir le monde. Le temps n’est plus à se chamailler pour des broutilles. Aujourd’hui d’ailleurs, l’Europe vient de nous dire que le communisme et le nazisme sont deux blancs bonnets. Et les épurés de 44-50 font, soixante-dix ans plus tard, figures de victimes ou de sacrés cons.

Le diabolique René Bousquet, l’ami de François Mitterrand, le responsable de la rafle du « Vel’ d’hiv », illustre aussi cette « Non Epuration ». En 1949 il est l’avant dernier français à être traduit en Haute Cour. Une juridiction devenue mondaine, où ne manquent que le porto et les petits fours. Bousquet est jugé pour avoir été présent à Marseille lors du dynamitage du Vieux Port par les nazis. Il est acquitté, juste convaincu « d’indignité nationale » et immédiatement relevé de sa sanction pour « avoir participé de façon active et soutenue à la résistance contre l’occupant ». Pas décoré, le Bousquet, mais le cœur y est. Bousquet va rejoindre la Banque de l’Indochine, financer les activités politiques de Mitterrand, parader à l’administration du journal de Toulouse La Dépêche du midi, et siéger au conseil d’UTA compagnie aérienne présidée par Antoine Veil, le mari de Simone.

Ce fiasco, celui de l’épuration, était programmé puisque le livre de l’historienne nous rapporte que dès l’établissement de son Etat-strapontin à Alger, la France Libre n’a jamais souhaité une purge massive de l’appareil économique, politique et militaire de Vichy. Annie Lacroix-Riz montre aussi que, si des « Commissions d’épuration » furent mises en place, ainsi que cela avait été prévu dès le début de l’occupation au sein de la Résistance, elles furent aussitôt réduites à l’impuissance. Le livre, bien sûr, n’oublie pas d’épingler ces collaborateurs devenus résistants par magie, juste à la vingt-cinquième heure. L’un avait « sauvé un juif », l’autre créé un réseau de résistance dont, hélas, personne n’avait entendu parler. Ainsi pour en revenir au destin exemplaire du sieur Taittinger, lors de l’instruction de son procès, il s’en sort en faisant croire que c’est lui qui a convaincu Otto Abetz de ne pas faire sauter tous les monuments de Paris... En la matière, le laborieux parcours de Mitterrand résistant donne un bel éclairage. La légende d’un Tonton résistant n’est entrée dans les esprits, de force, qu’après que le héros a été élu président. Avec le tapage des affidés, la caution de l’ambigu Frenay et le quitus de l’ami Pierre Péan. La journaliste Georgette Elgey, sur le passé de Mitterrand, veillant à la pureté des archives. Un statut de résistant, c’est aussi du marbre, et ça se sculpte aussi.

Le danger de l’épuration écarté, De Gaulle parti à Colombey, les puissants d’avant-guerre, les fans d’Hitler, se montrent plus à l’aise. Deviennent si puissants que le philosophe et résistant Vladimir Jankélévitch, prévoit qu’il est possible que « demain la Résistance devra se justifier pour avoir résisté ». Inquiétez-vous, nous avançons sur cette trace. Au risque de radoter le texte du Parlement européen qui renvoie dos à dos communisme et nazisme nous rapproche de la prédiction de Jankélévitch. Viendra le jour où les martyrs de Chateaubriant devront être extraits de leur mausolée. Dans un tir d’artillerie préparatoire, un révisionniste nommé Berlière et l’odieux Onfray ont déjà entamé une séance de crachats sur la mémoire de Guy Môquet.

La charge des mots est comme celle des canons des fusils, elle fait peur. Images de femmes tondues, de jeunes gens collés au poteau : pour un amateur d’histoire, même de bonne foi, l’épuration est donc décrite comme « sauvage ». Annie Lacroix-Riz démontre que tout cela est un mythe, et rapporte archives en main, que cela n’a jamais eu lieu, et que des femmes furent tondues pour des faits bien plus graves que celui d’avoir partagé le sommier des Allemands.

D’ailleurs, nous disent les historiens bénis au saint chrême du libéralisme, pourquoi « épurer » puisque la France ne fut pas vraiment collaborationniste. Un minimaliste affirmant sans crainte que seuls agirent en France de 1500 à 2000 « collaborateurs de sang ». Finalement c’est peu pour aider les Allemands à provoquer près de 150 000 morts. Puisqu’en mai 1947 « les pertes humaines » s’élevaient à 30 000 fusillés, 150 000 déportés « morts ou disparus », de 95 000 « déportés politiques » et de 100 000 « déportés raciaux ». Cruelle mathématique qui nous démontre que l’historien qui minore nombre des criminels devrait réviser son Histoire.

Assigner le rôle de la Résistance à l’action d’une troupe de vengeurs, sortis de maquis qui n’existaient pas, ou peu, pour dresser des poteaux d’exécution le jour de la Libération, et manier la tondeuse, est une sale besogne. Pourtant entreprise par quelques historiens sponsorisés qui parlent à la télé. Ces « chercheurs » sont fidèles à leur obsession : l’effacement du CNR, des FTP, de la France-Libre. Pour réécrire l’Histoire et nous convaincre que si nous sommes aujourd’hui libres, nous ne le devons pas à Stalingrad mais exclusivement à l’ami Américain.

Ici relevons une contradiction sortie de boites d’archives qui sont bien entêtées. Si la Résistance n’était rien que du pipi de chat, pourquoi, pendant l’occupation, Londres et Washington se sont-ils ligués pour annihiler la France Libre et De Gaulle ? Pourquoi un complot contre Jean Moulin ? Pourquoi ? Si ses hommes et leurs troupes sont négligeables ? Soudain dans « La Non Epuration » apparaît, sans tapage et avec modestie, un chapitre pourtant considérable. Justement il traite de la trahison faite à Jean Moulin. Des pages passionnantes, haletantes, un peu sacrées. Le travail d’Annie Lacroix-Riz permet enfin de clouer la porte aux fantasmagories envahissantes : René Hardy, l’anticommuniste maladif, a bien vendu Moulin. Mais pourquoi, pour qui ? Pour le compte d’une phalange d’extrême-droite. Un groupe cagoulard, c’est-à-dire à ses industriels et ses banquiers, soucieux d’éviter à la France de demain les dangers d’un régime trop rouge. Celui que Moulin et les FTP auraient pu soutenir.

Vous l’avez compris, une historienne qui écrit la vérité sur tous nos Taittinger, nos Renault, nos Wendel et autre homo-copies doit être karcherisée. La voyez- vous parler de ses recherches dans des médias dont quelques-uns sont encore entre les mains de fils et de filles dont les parents ont eu de la chance entre 40 et 45 ?

Son travail me fait penser à celui de la chercheuse britannique Frances Stonor Saunders. Qui a publié une étude inoxydable et jubilatoire sur le rôle de la CIA comme machine à soutenir, guider, aider, financer des milliers d’artistes et intellectuels européens et américains, avant et après la Seconde guerre. Investissement fou dont le but était de contrer les dangers « de la création soviétique ». Traduit en France et publié par Denoël en 2004, ce livre, Qui mène la danse, est aujourd’hui introuvable. Si rare qu’il coûte plus de 600 euros, d’occasion sur Internet. Pour une fois permettez moi de vous donner un conseil qui sort de mon champ, celui d’un boursier : achetez « La Non Epuration ». Si la politique totalitaire, maintenant en marche, progresse un peu, le bouquin d’Annie Lacroix-Riz se vendra sous le manteau. Et vous le revendrez alors très cher.

Jacques-Marie BOURGET

La « Non Epuration » éditions Armand Colin.

URL de cet article 35366
https://www.legrandsoir.info/une-bible-qui-met-le-feu-a-un-mythe-a-la-liberation-le-france-n-a-pas-ete-epuree.html

Histoire. Explorez un continent de luttes et d’espoir

Publié le 10/01/2019 à 20:18 par andrenicolas Tags : bonne sur saint histoire texte livre news maison roman
Histoire. Explorez un continent de luttes et d’espoir
Histoire. Explorez un continent de luttes et d’espoir
Jeudi, 10 Janvier, 2019

Le Maitron, dictionnaire du mouvement ouvrier, et ses 190 000 portraits des « obscurs et sans-grade » qui ont fait l’histoire, est désormais en accès libre sur le Net.

Qui connaît Gaston Magot ? Seul un paragraphe d’un livre aux pages jaunies, précieusement conservé sur une étagère de la maison familiale, retrace le parcours de mon aïeul, résistant du Lot. On savait que ce postier, en plus d’avoir eu la bonne idée d’adopter ma grand-mère, avait occupé de hautes responsabilités à la fédération postale CGT. Qu’il s’était évadé du camp de Saint-Sulpice-la-Pointe, dans le Tarn, en mars 1943, avant de rejoindre le maquis de Corrèze. La légende familiale disait aussi que c’est grâce à lui que notre maison s’ouvrait sur la rue Paul-Éluard et bien d’autres mondes. Et c’est à peu près tout. Le camarade Magot, disparu en 1974, est réapparu le 5 décembre 2018. Ce jour-là, le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, a mis en libre accès ses 187 412 notices biographiques sur le Net (1).

http://www.humanite.fr/

Neandertal a été longtemps le représentant de l’Autre

Neandertal a été longtemps le représentant de l’Autre
Marylène Patou-Mathis : « Neandertal a été longtemps le représentant de l’Autre qu’on infériorise »
Entretien réalisé par Jérôme Skalski
Vendredi, 15 Juin, 2018
L'Humanité

Photo : Stéphane de Sakutin/AFP
 

Préhistorienne et directrice de recherche au CNRS, Marylène Patou-Mathis signe, avec Neandertal de A à Z, publié aux éditions Allary, un ouvrage de référence qui rend à cet homme trop longtemps mésestimé la place qui est la sienne dans l’histoire, plurielle, de l’humanité.

Vous proposez au lecteur, dans Neandertal de A à Z, un voyage dans le temps. Les dizaines de sites que vous évoquez au fil des pages ne tracent-ils pas aussi bien l’itinéraire d’un voyage dans l’espace ?

Marylène Patou-Mathis Oui, tout à fait. Ce que ce que j’ai voulu effectivement, c’est proposer un voyage dans le temps mais j’aurais pu ajouter et dans l’espace. C’est très rare que l’on évoque les sites archéologiques. Ce qui m’intéressait, c’était de donner des informations ignorées du grand public. On ne peut pas toutes les présenter évidemment. Il y a des sites d’importance parce qu’on y a trouvé des ossements humains ou de nombreux vestiges qui caractérisent un comportement particulier, comme les sites d’abattage de gibier par exemple. Les sites ayant livré des restes humains sont tous dans le livre. Cela me paraissait important parce qu’il y a eu souvent un gros travail de fouilles et beaucoup d’informations tirées de leur étude. Ce qui m’a également paru intéressant, c’était d’ouvrir sur « ailleurs » dans le monde, c’est-à-dire sur leurs contemporains.

L’aspect voyage ne vient-il pas aussi du fait que vous évoquez des périodes pendant lesquelles les paysages étaient très différents de ceux d’aujourd’hui ?

Marylène Patou-Mathis Il est vrai que l’on a au cours de la période néandertalienne des changements climatiques et même des variations du climat selon les régions. Si vous travaillez en France ou comme moi en Crimée, bien évidemment, il n’y avait pas les mêmes environnements. Les néandertaliens n’ont donc pas tous connu les mêmes phases climatiques, que l’on nomme glaciaires et interglaciaires. C’est pour cela que nous avons tenu à mettre en évidence, dès l’entrée de l’exposition du musée de l’Homme qui leur est consacrée, qu’ils n’ont pas uniquement vécu durant une période rigoureuse dans un paysage de toundra enneigée.

Le type d’évolution spécifique des néandertaliens en Europe n’est-il pas lié au fait qu’ils aient été, à un moment donné, contraints de vivre dans un environnement froid ?

Marylène Patou-Mathis Cette hypothèse est aujourd’hui discutée. D’abord, les scientifiques ne s’accordent pas sur qui était le premier néandertalien. Il s’agit d’une évolution, donc on passe progressivement d’une espèce à l’autre et non brutalement. Il est donc difficile de savoir si les ossements découverts dans un site ancien appartiennent à un néandertalien ou un pré-néandertalien. Selon ce choix, on est dans une période soit glaciaire, soit interglaciaire ; donc l’apparition des caractères propres aux hommes de neandertal ne peut être corrélée à une adaptation au froid. Et puis, vous savez, même dans les périodes froides, par exemple en Espagne, il ne faisait pas très froid. L’hypothèse que l’évolution humaine, d’un point de vue physique, est une simple adaptation au climat et à l’environnement est débattue. En revanche, d’un point de vue culturel, c’est probable. Le principal mode de réaction face à des changements climatiques et environnementaux, c’est le déplacement. Aujourd’hui, dire que tel ou tel caractère correspond à une adaptation au froid est contesté. Certains caractères physiques des néandertaliens ne sont pas apparus à la suite d’un phénomène extérieur, environnemental. En outre, il y a l’épigénétique. C’est-à-dire que des comportements culturels vont entraîner des modifications morphologiques qui vont être transmises, passer dans le génome des générations suivantes. Ceci est complexe. Il est donc un peu trop réducteur de dire que les caractères typiques des néandertaliens sont dus uniquement à l’adaptation au froid.

Les premiers hommes qui sortent d’Afrique ne sont-ils pas ceux qu’on appelle les Homo erectus ?

Marylène Patou-Mathis Oui, ce sont eux qui vont commencer à migrer. Cependant, en Europe, les plus anciennes traces remontent à 1,8 million d’années, en Géorgie – peut-être celles d’Homo habilis. À partir de la souche africaine des Homo erectus, il y a eu plusieurs vagues de déplacements et non une seule bien évidemment. On a affaire à de petites migrations de populations réduites. Au sortir de l’Afrique, elles pouvaient aller soit à gauche, vers l’ouest, soit à droite, vers l’est, donc soit vers l’Europe, soit, l’Asie. Il y a un site incroyable où presque toutes les populations connues en Europe sont présentes. C’est Atapuerca, en Espagne. Les archéologues sont tombés sur une mine d’ossements humains qui appartiennent à Homo antecessor, pour les plus anciens, à des pré-néandertaliens, des néandertaliens et des Homo sapiens. En Afrique, les Homo erectus auraient évolué notamment en Homo heidelbergensis. Ces derniers, d’après les analyses génétiques, seraient les ancêtres des Homo sapiens mais aussi, en Europe, des néanderthaliens. C’est forcément plus complexe que cette simplification, car en fait nous sommes en présence tout au long de notre histoire d’une évolution buissonnante, c’est-à-dire qu’il y avait en même temps plusieurs espèces humaines. Ce buissonnement s’observe également sur le plan culturel. Une autre question se pose : sommes-nous en présence d’espèces différentes ou de sous-espèces ? La génétique a apporté des choses fascinantes mais elle a aussi complexifié les choses. Je pense qu’on est dans un tournant de réflexion très important et très intéressant actuellement. Certains proposent que l’homme de Neandertal, l’homme de Denisova et l’homme moderne sont des sous-espèces au sein d’une même espèce.

Si la différence entre Neandertal et l’homme de Cro-Magnon est intraspécifique, que faire de l’hypothèse d’une origine africaine de l’homme ?

Marylène Patou-Mathis En fait, elle est confortée. Sa remise en question émane surtout de nos collègues chinois. Ils réfutent par exemple la deuxième « vague » de peuplement par des populations d’Homo sapiens venues d’Afrique. Selon eux, ce sont les Homo erectus, arrivés lors de la première vague, qui seraient les ancêtres directes des Chinois actuels. Depuis ces dernières années, il y a beaucoup de choses qui bougent. Par exemple, on trouve des gènes de l’homme de Denisova, découvert dans l’Altaï, en Sibérie, chez les Asiatiques et certaines populations océaniennes. C’est incroyable parce que cet homme n’est connu que dans un seul site et principalement par son ADN. Quelle était sa morphologie ? Quels étaient ses comportements ? Difficile de répondre pour l’heure à ces questions. Certains paléoan- thropologues, comme je vous l’ai indiqué, envisagent que l’homme de Denisova, Neandertal et Homo sapiens ne sont qu’une seule et même espèce, leurs différences seraient de l’ordre de la sous-espèce. Le débat est ouvert, car d’autres restent très attachés à la thèse de la différence spécifique. Pour eux, l’existence de croisements entre ces trois types humains n’est pas la preuve de leur appartenance à une même espèce. D’autant que les Homo sapiens se sont croisés au Proche-Orient avec des néandertaliens aux caractères morphologiques atténués. Les caractères typiquement néandertaliens – forts bourrelets au-dessus des orbites, crâne allongé vers l’arrière, front fuyant, prognathisme, absence de menton – sont surtout développés chez les néandertaliens dits classiques, qui vivaient en Europe entre – 100 000 et – 35 000 ans. Ainsi, ces néandertaliens n’auraient pu se croiser avec les Homo sapiens, qui arrivent en Europe vers – 45 000 ans. Tout cela est en débat et c’est passionnant. Cela dit, nous qui travaillons sur les comportements, avons de plus en plus de mal à différencier ceux des hommes de Neandertal et des Homo sapiens. Au Proche-Orient, les proto-Cro-Magnon pratiquent les mêmes activités et taillent les mêmes outils – moustérien du Levant. L’avenir, grâce aux nouvelles méthodes d’investigation – ADN, datations –, nous réservera bien des surprises. Je pense qu’il y a des vestiges, par exemple des peintures pariétales, attribués à Homo sapiens qui vont peut-être s’avérer être l’œuvre de Neandertal.

À quel moment l’homme se sépare-t-il des autres espèces animales ?

Marylène Patou-Mathis Sa singularité, c’est qu’à un moment donné il ne va plus être un être de nature mais un être de culture. Certains disent qu’il y a déjà du culturel chez ses lointains prédécesseurs, voire chez les grands singes. Il est donc impossible de dater cette séparation. En outre, qu’est-ce que la singularité de l’homme ? Aujourd’hui, on ne peut plus se contenter de dire, c’est la bipédie. Même au niveau culturel ? Les outils ? Non plus, car les grands singes les utilisent eux aussi. Ce n’est donc pas simple ! Il y a toutefois un domaine apparemment plus spécifiquement humain, celui des pensées symboliques et métaphysiques, et aussi cette faculté d’adaptation des humains aux changements environnementaux par la culture. Pendant longtemps, l’homme a été caractérisé par sa technologie et ses productions matérielles. Or, il n’est pas que du savoir-faire. Cette vision est trop réductrice.

En quoi la connaissance de l’homme de Neandertal est-elle importante pour l’homme moderne ?

Marylène Patou-Mathis Il a vécu 350 000 ans. Nous disposons donc de nombreuses traces de ses comportements par le très grand nombre de vestiges archéologiques qu’il nous a laissés. Ce qui le caractérise le mieux, en fin de compte, c’est qu’il était en symbiose avec la nature, comme dirait Marcel Mauss, don contre don. Il a trouvé ce que nous avons perdu, ce lien fort avec la nature. Par exemple, on n’a jamais mis en évidence lors de nos recherches d’abattages massifs d’animaux. Il ne tuait qu’en fonction de ses besoins. C’est cette relation à l’animal qui pour moi caractérise Neandertal. On ignore s’il avait des croyances, en tout cas, ce que l’on constate dans les sépultures, c’est l’absence d’animaux sacrifiés, contrairement à ce que l’on observe plus tard dans celles du néolithique. Les relations avec les animaux apparaissent différentes chez ces hommes modernes qui en ont domestiqué certains. Pour les néandertaliens, qui vivent dans la nature, et de la nature sauvage, l’animal devait être perçu comme leur semblable, leur « frère ». Alors, comment le tuer ? Comme les chasseurs des sociétés traditionnelles actuelles, ils ont peut-être inventé des rites de chasse. En outre, certaines espèces, comme l’ours des cavernes, ne semblent pas avoir été beaucoup chassées, alors qu’elles n’étaient pas plus difficiles à capturer. Je pense que la différence entre l’homme moderne et Neandertal réside dans leur rapport à la nature et leur perception du monde. Neandertal est un vrai sujet de réflexion, parce qu’il a été longtemps le représentant de l’Autre qu’on infériorise. Au XIXe siècle, on l’a comparé aux singes et placé près d’eux dans le bas de la classification racialiste des humains, où l’homme blanc civilisé était placé tout en haut. Bien que Neandertal ait remonté d’un cran, lors de la découverte des pithécanthropes, des Homo erectus de Java, au début du XXe siècle, il a conservé durant encore plus d’un siècle cette image d’être inférieur. L’exposition qui lui est consacrée permettra aux visiteurs de constater qu’il n’en est rien. Neandertal n’était ni inférieur ni supérieur, simplement différent.

Neandertal, l’expo

Auteure d’une dizaine d’ouvrages, dont Mangeurs de viande : de la Préhistoire à nos jours (Perrin, 2009), Histoires de mammouth (Fayard, 2015) et Neandertal de A à Z (Allary Éditions, 2018), Marylène Patou-Mathis est également, avec Pascal Depaepe, commissaire scientifique de l’exposition actuellement consacrée à l’homme de Neandertal, au musée de l’Homme, à Paris. Cette dernière est visible jusqu’au 7 janvier 2019.

Histoire. Macron se fait les griffes sur le « Tigre »

Publié le 16/06/2018 à 10:26 par andrenicolas Tags : image france photo mort histoire sur mode pouvoir voyage news anniversaire maison roman
Histoire. Macron se fait les griffes sur le « Tigre »
Histoire. Macron se fait les griffes sur le « Tigre »
Lionel Venturini
Mercredi, 13 Juin, 2018
L'Humanité

Le chef de l’état, le 11 novembre 2017, lors de la visite du musée Clemenceau à Paris, avec Jean-Noël Jeanneney, président de la fondation. Ian Langsdon/AFP
 

Le chef de l’État rend aujourd’hui un nouvel hommage à Clemenceau, incarnation de la Grande Guerre, faisant venir à la rescousse du présent la rhétorique guerrière du passé.

Ce sera le troisième hommage public d’Emmanuel Macron à Georges Clemenceau depuis 2016. C’est dire si sa mémoire est enrôlée pour servir le présent de l’occupant de l’Élysée. La visite présidentielle aujourd’hui dans la maison natale de Clemenceau en Vendée, rénovée à grands frais en 2015, fait partie des commémorations qui doivent culminer le 11 novembre 2018, où seront invités les 80 pays belligérants de la Première Guerre mondiale.

Pour Macron, la figure de Clemenceau a plusieurs avantages. Il l’avait senti déjà comme ministre de l’Économie, quand, en août 2016, pas encore officiellement candidat, il s’était rendu sur la tombe du « Tigre » à Mouchamps. Une façon alors de doubler Manuel Valls, qui a fait lui aussi de Clemenceau son modèle… Puis Emmanuel Macron s’était rendu en 2017 dans l’appartement parisien où a vécu le « Père la victoire », pour le 99e anniversaire de l’armistice, avec dépôt de gerbe au pied de sa statue en bas des Champs-Élysées.

Cette fois, le président de la République répond à la demande de Bruno Retailleau, sénateur de la Vendée et président du groupe LR au palais du Luxembourg, qui lui a écrit pour lui demander d’organiser un « événement officiel » commémorant l’action de Georges Clemenceau. Celui-ci « fut un artisan infatigable du rassemblement des Français, un adversaire impitoyable de tout ce qui, dans l’épreuve, divise et fragilise le corps national », plaide ce proche de Philippe de Villiers, convaincu que l’œuvre de Clemenceau « peut collectivement nous inspirer, au-delà de nos différences de sensibilités ».

C’est chose faite avec ce voyage en Vendée, que Macron inscrit dans son récit national propre. Clemenceau, le ministre de l’Intérieur qui fit tirer sur les mineurs grévistes, est passé sous silence – « l’un des ennemis les plus acharnés de la classe ouvrière », écrivit l’Humanité à sa mort en 1929 – mais cet aspect, gardé subliminal, parle évidemment à la droite. « La mémoire de Clemenceau a été largement récupérée par la droite au lendemain de la Grande Guerre, puis plus tard par le général de Gaulle, pour deux raisons : premièrement, l’autorité de l’État que la droite a toujours défendue ; deuxièmement, le patriotisme que Clemenceau a incarné au pouvoir en 1917 et en 1918 », juge l’historien Michel Winock, auteur d’une biographie du « Tigre ». C’est aussi ce qu’en retient Macron, à l’heure de réactiver un « service universel » après la suppression de la conscription et du service militaire en 2002 par Jospin. Clemenceau, imposant ses vues aux généraux de 1917, s’est fait le premier « chef des armées » de la République. Après la passe d’armes avec son chef d’état-major, Pierre de Villiers, Macron rappelle ses prérogatives à qui l’aurait oublié.

Jouer Clemenceau, c’est l’opposer à ceux qui se réclament de Jaurès

Et puis Clemenceau a un autre avantage, celui de cliver à gauche. « On est clémenciste ou jaurésien », avait coutume de résumer Lionel Jospin pour expliquer le Parti socialiste. Jouer Clemenceau, c’est l’opposer à tous ceux qui se réclament de Jaurès. Reste que s’inspirer de Clemenceau demeure une vision archaïque de la nation. « Si on honore des hommes comme Clemenceau, car c’est parce que nous aimons un pays qui se tient droit mais qui sait justement construire plus grand que lui-même, mais d’abord se tenir lui-même », a ainsi développé le chef de l’État lors de l’hommage de novembre 2017. Au risque d’une vision instrumentalisée de l’histoire en usant d’un vocabulaire de guerre, aujourd’hui économique, car, pour lui, « réconcilier les histoires de France, c’est aussi une façon de réconcilier la France avec sa propre histoire », disait-il en 2016. On ne peut alors s’empêcher d’un parallèle entre le Clemenceau affirmant : « Le vainqueur, c’est celui qui peut, un quart d’heure de plus que l’adversaire, croire qu’il n’est pas vaincu », et Emmanuel Macron qui, devant les Bleus, assène que « l’équipe qui gagnera sera celle qui en aura le plus envie, celle qui donne les derniers coups de crampons ». On a les guerres qu’on peut.

L’histoire peut-elle émanciper ?

L’histoire peut-elle émanciper ?
L’histoire peut-elle émanciper ?
Prolongements d’un cours collectif exceptionnel tenu à Tolbiac.
Mercredi, 25 Avril, 2018
L'Humanité

Mathilde Larrère Historienne des révolutions et de la citoyenneté (Upem)
 

Rappel des faits À partir de nos sujets et démarches respectives, nous avons présenté ces réflexions lors d’une rencontre avec les étudiants de la Commune libre de Tolbiac, en soutien de leur mouvement.
Guillaume Mazeau Maître de conférences en histoire moderne à Paris-I, membre du Centre d’histoire du XIXe siècle Mathilde Larrère Historienne des révolutions et de la citoyenneté (Upem) Laurence De Cock Professeure agrégée d’histoire et chercheuse en sciences de l’éducation

«É mancipation », le mot sonne désormais comme un poncif. Utilisée jusque dans la communication présidentielle, l’émancipation ne se laisse pourtant pas enfermer dans des définitions confuses. Il n’y a émancipation qu’à partir du moment où les individus prennent conscience des formes de domination, et qu’ils cherchent ensuite à s’en libérer. Raison pour laquelle l’émancipation ne se déclare pas du haut de sa chaire et ne saurait servir le pouvoir. Reposant sur le doute et l’esprit critique, elle est l’inverse d’un processus de conversion. Fondée sur le principe de désaliénation, elle vise l’autonomie. Ainsi, il ne peut pas y avoir de discours ou de pédagogie intrinsèquement émancipateurs : c’est dans l’échange que l’émancipation peut advenir. Si l’histoire a son rôle à jouer, c’est donc à la fois par le choix des objets de recherche et/ou d’enseignement, par leur mise en récit mais aussi par son souci et ses procédés de transmission.

L’histoire à l’épreuve du présent par Guillaume Mazeau  Maître de conférences en histoire moderne à Paris-I, membre du Centre d’histoire du XIXe siècle

Comment faire l’histoire de la Révolution française dans une société qui lui est devenue étrangère ? C’est une des marques du présent : les situations révolutionnaires sont vues comme les causes d’un déclin de la civilisation.

Les Françaises et les Français entretiennent une fausse familiarité avec leur révolution. L’événement s’est figé en monument. Nous lui sommes devenus insensibles. La Déclaration des droits de l’homme est-elle autre chose qu’un trésor démonétisé par le « réalisme » ? Comment sont aujourd’hui vues l’action du peuple souverain, la radicalité politique ou la résistance à l’oppression, sans lesquelles 1789 n’aurait jamais pu advenir, sinon comme des « dangers » pour l’ordre républicain ?

Face au scepticisme, les historiens universitaires n’ont pas ménagé leur peine. Cependant, soucieux de défendre la Révolution, ils ont, plus que les spécialistes des autres périodes, écrit une histoire édifiante, visant plus à « faire » des républicains qu’à les émanciper.

Or, si elle vise réellement l’autonomie, l’histoire ne s’inculque pas plus qu’elle ne se professe. Pour ne plus voir la Révolution française comme un trésor perdu, mais en faire un outil d’intelligibilité du présent, pour mieux la saisir et la transmettre comme un des modes possibles de l’action humaine, il faut avant tout résister à la tentation de la défendre. Le soulèvement de 1789 fut d’abord une crise majeure de l’ordre du monde. Peut-être faut-il donc se réjouir : le temps est venu de nous libérer des fétiches du passé. La connaissance de l’événement ne peut qu’y gagner, tout comme le statut de l’histoire, qui, à condition d’être autrement faite, pourrait mieux assumer son ancrage présent.

Car le passé insiste encore. Régulièrement brandi pour dénoncer l’échec de toute révolution, le mythe de la « Terreur » dirigée par Robespierre continue de faire oublier l’existence d’une guerre civile qui n’a longtemps pas dit son nom. Parfois entretenus par les historiens républicains, les tabous des guerres de Vendée continuent de fourbir des armes à l’extrême droite, avec les légendes du « génocide vendéen ».

Il est temps de recharger l’événement. Moins certains de leur savoir, les historiens se sont débarrassés des liens de fidélité qui les reliaient au passé. Ils sont mieux outillés que jamais pour remettre dans nos mains non pas l’héritage de la Révolution mais ses enjeux politiques et ses tensions fondatrices. Remettre l’événement en jeu suppose aussi d’en renouveler la narration. Les historiens s’y attellent mais est-ce un hasard si c’est en littérature ou au théâtre que la Révolution française a, pour la première fois depuis longtemps, inspiré un réveil de la pensée ? Dans 14 Juillet (2016), Éric Vuillard raconte la prise de la Bastille du point de vue des anonymes. Avec la pièce Ça ira (1) Fin de Louis (2015), dont je suis l’historien, Joël Pommerat déroute les grands récits et restitue la force d’une parole politique qu’une histoire trop sûre d’elle-même avait presque étouffée.

Remanier la langue ne saurait suffire. Pour certains passés sensibles, les livres ne sont qu’une des manières pour saisir l’expérience ordinaire de l’histoire. 1789 est de ceux-là. Je ne comprendrai vraiment la Révolution française qu’en prenant son histoire à bras-le-corps, en menant l’enquête au présent, hors des mondes savants, dans tous les plis de la fabrique sociale du passé. L’histoire que j’essaie de pratiquer est aussi une éthique de présence au monde et une mise à l’épreuve du présent. Elle est donc nécessairement politique.

 Ouvrage à paraître en 2019 chez Fayard : la Révolution française. Une histoire au présent !

L’histoire des lapins en 140 signes par Mathilde Larrère  Historienne des révolutions et de la citoyenneté (Upem)

«Tant que les lapins n’ont pas d’historiens, l’histoire est racontée par les chasseurs. » Placer ma démarche d’historienne sur Twitter à l’ombre d’Howard Zinn peut sembler présomptueux. Pourtant, c’est bien de l’histoire populaire, terme qu’il a créé, que j’essaie de transmettre via cette forme bien peu académique j’en conviens, une histoire « des luttes et des rêves », en hommage au récent ouvrage de Michelle Zancarini-Fournel.

L’histoire populaire consiste à faire l’histoire des laissé-es-pour-compte du grand récit national : classes populaires, femmes, esclaves, racisé-es, migrant-es, LGBT… La démarche ne désigne pas simplement un effort pour inclure des personnes invisibilisées du passé et exclues de l’histoire, redonner corps à leur quotidien, faire entendre leurs voix parfois difficiles à saisir dans les sources, les restituer avec la même attention qu’on porte plus souvent aux seuls puissants. Cela consiste aussi à montrer le pouvoir et le rôle de ces individus, montrer qu’ils ont influencé le cours de l’histoire. Il s’agit de faire le récit des multiples capacités à inventer des formes de résistance, de subversion, autant de manières de se rendre ingouvernables, qui toutes montrent que le pouvoir est fragile et qu’il y a toujours eu « d’autres alternatives », en dépit du Tina (There is no alternative) qu’on nous rabâche pour doucher tous les espoirs d’un futur meilleur.

Or, j’ai choisi de transmettre cette histoire en m’invitant dans une scène médiatique qui fait plutôt la part belle à l’histoire des chasseurs et des passeurs d’un roman national, pétris de nostalgie royaliste et coloniale. Investir des canaux comme la vidéo ou Twitter qui chahutent les cadres académiques classiques permet de toucher ceux qui ne sont pas ou plus sur les bancs de la fac, pour tenter d’élargir l’entre-soi militant des universités populaires, tout en ayant conscience que ces réseaux sont aussi des « mondes », un entre-soi avec ses limites.

« Ce n’est pas un travail d’historienne, mais de militante (entendez de gauchiste) », me rétorque-t-on souvent. C’est au demeurant un reproche que l’on nous fait à nous trois, comme à toutes celles et ceux qui défendent une vision émancipatrice de notre discipline, maintenant même à toutes celles et tous ceux qui cherchent juste à transmettre les recherches historiques contre le récit national, qu’on pense au débat qu’a pu susciter le succès de l’Histoire mondiale de la France. L’une des batailles qu’ont pour l’instant gagnée les « chasseurs » est de faire croire que leur histoire serait neutre quand les autres seraient militantes et politiquement situées… à gauche.

Pourtant c’est bien un travail d’historienne que je mène, appuyé sur de nombreux travaux scientifiques mais passés au crible d’une difficile démarche de vulgarisation, qui n’est justement possible que si on maîtrise ses objets. Mais c’est aussi une démarche de transmission assumée comme engagée. Si je n’ai pas créé à part un compte historique, que mes tweets en soutien aux luttes politiques et syndicales s’entremêlent donc aux fils d’histoire, c’est justement parce que l’émancipation repose sur l’honnêteté de celui ou celle qui parle, qui ne cache pas d’où il parle, ni pourquoi il le fait, mais n’en concède pour autant rien à l’exigence scientifique du propos et laisse chacune et chacun se saisir de l’histoire transmise.

 Dernier ouvrage : Des intrus en politique. Femmes et minorités : dominations et résistances. Éditions du Détour, 2018, avec Aude Lorriaux.

Quelle pédagogie de l’histoire à l’école pour émanciper ? par Laurence De Cock  Professeure agrégée d’histoire et chercheuse en sciences de l’éducation

Comment sortir du commentaire du commentaire face à la poussée réactionnaire de quelques historiens autoproclamés mus par le désir de réhabiliter le roman national ? Peut-être en déplaçant la question, et en entrant dans la boîte noire de la classe, ce que j’ai tenté de faire dans Sur l’enseignement de l’histoire (Libertalia, 2018) : faire parler les praticiens, réhabiliter les pratiques, et poser des mots plus justes sur la fabrique scolaire de l’histoire, dans ses programmes comme dans sa pédagogie.

Depuis le milieu du XIXe siècle, l’enseignement de l’histoire est porteur de finalités relevant du politique et, parmi elles, le fait de fabriquer de la citoyenneté ou de l’identité nationale. La première matrice de cette histoire scolaire est communément appelée « roman national ». Cette narration spécifique du passé repose sur un récit en surplomb, purement événementiel, adossé à des « grands personnages » héroïsés, une histoire lisse, linéaire et chronologique, progressiste et destinée à glorifier la destinée de la France. Dans le contexte de la fin du XIXe siècle, il correspondait assez bien à la production historiographique de l’époque et visait à édifier une culture commune à tous les enfants, au-delà de leurs différences sociales et culturelles.

Or, le projet est exactement inverse de toute émancipation, car ne sont recherchés que le consentement et l’adhésion par les élèves, à rebours de tout esprit critique. Non seulement la pédagogie du roman national postule comme évidente la performativité du récit, à la manière d’une perfusion, mais elle véhicule en sus une vision de l’histoire par en haut, invisibilisant au passage la multiplicité des acteurs et des processus sociaux et, pire encore, les populations dominées : ouvrières et ouvriers, paysannes et paysans, populations venues d’ailleurs. Pour émanciper, l’histoire scolaire doit donc procéder à un double aggiornamento touchant aussi bien les programmes que les pratiques pédagogiques. C’est aussi ce à quoi nous réfléchissons avec le collectif Aggiornamento histoire-géo, dans le sillon des travaux pionniers de Suzanne Citron. Les thématiques étudiées doivent varier les focales et les échelles.

Il ne s’agit pas de remplacer un roman « de droite » par un roman « de gauche » mais d’ouvrir à la critique en montrant qu’il existe des chronologies variées, des temporalités et des rapports au politique et au monde variables selon les groupes sociaux ou les territoires. De même, on ne peut émanciper sans « vendre la mèche » sur les mécanismes économiques à l’œuvre, ou encore sur les luttes sociales qui ont révélé les moments d’empowerment des populations dominées. Parallèlement à cette réforme des contenus, une réflexion doit être menée sur les pratiques de classe. Le cours dit « magistral » ne suffit pas à aiguiser l’esprit critique. Discriminant, accessible aux élèves les plus socialement favorisés, il véhicule une image d’autorité et des implicites qui noient dans les détails et cantonne les plus étrangers à ces codes au par cœur et à la restitution mécanique. À l’inverse, comme nous l’ont appris des pédagogues, comme Célestin Freinet, une pédagogie plus active, qui ne cède rien aux activités intellectuelles mais qui privilégie le protocole d’enquête et l’administration de la preuve, permet d’accompagner une émancipation individuelle et collective en rappelant les vertus de la vérité et de la raison, seuls remparts efficaces contre tout prosélytisme et endoctrinement.

 Dernier ouvrage : Sur l’enseignement de l’histoire. Débats, programmes et pratiques de la fin du XIXe siècle à nos jours. Libertalia, 2018.

Préhistoire. Cro-Magnon, une évolution révolutionnaire

Préhistoire. Cro-Magnon, une évolution révolutionnaire
Préhistoire. Cro-Magnon, une évolution révolutionnaire
Jérôme Skalski
Mardi, 10 Avril, 2018
L'Humanité

La Cueva de las Manos (« Grotte des Mains ») est un site archéologique riche en peintures rupestres qui se trouve en Argentine (Patagonie). Getty Images/AWL Images RM
 

Découvert il y a cent cinquante ans dans le Périgord, l’homme de Cro-Magnon a longtemps donné son nom à l’homme moderne. Cette trouvaille, suivie de centaines d’autres, fait date dans le débat ouvert sur la nature et l’ancienneté de l’homme.

«D’où venons-nous. Que sommes-nous. Où allons-nous. » Trois formules, questions sans points d’interrogation, soutenues par les circonvolutions d’une fleur tahitienne, juxtaposées sur fond jaune de chrome par le pinceau de Paul Gauguin, vibrantes, en haut à gauche de son tableau « telle une fresque abîmée aux coins et appliquée sur un mur or ».

Des mains négatives de la grotte de Gargas dans les Hautes-Pyrénées à celles de la Cueva de las Manos en Patagonie ou de l’île Sulawesi en Indonésie, en passant par les fresques des grottes Chauvet, de Lascaux, d’Altamira ou les peintures et gravures des abris sous roche de Nawarla Gabarnmang en Australie, parmi les milliers d’autres retrouvées partout dans le monde, les lignes tracées ou gravées, ainsi que les aplats d’ocre, de craie et de noir de charbon de la préhistoire nous conduisent, mains tendues à travers les millénaires, à la question « qu’est-ce que l’homme ? ».

Redoublant cette étonnante familiarité de l’art préhistorique, ce sont aussi les traces des activités, les outils de pierre et d’os, les traces de pas et de repas, les restes ensevelis sous le passage du temps de l’homme de la préhistoire qui nous conduisent vers cet « étrange doublet empirico-transcendantal » qu’est l’homme, pour reprendre la formule de Michel Foucault, ainsi que vers la question qu’Emmanuel Kant a placée au centre de la pensée moderne.

La découverte, à la fin du mois de mars de l’année 1868, de restes humains, de coquillages percés et de silex taillés par des ouvriers travaillant à la construction d’une route reliant le village des Eyzies au bourg de Tayac en Dordogne, suscite un engouement fiévreux dont témoignent les réactions de la presse de l’époque (1). Dans le talus d’éboulis comblant l’entrée d’un abri creusé dans une falaise de calcaire surplombant la Vézère, ce sont les squelettes particulièrement bien conservés de cinq individus – quatre adultes et un enfant – qui sont reconnus, fournissant « les preuves les plus incontestables et les plus saisissantes de la contemporanéité de l’homme et du mammouth », selon les mots de Louis Lartet, responsable des premières fouilles méthodiques de l’abri de Cro-Magnon et chargé de la présentation officielle de ses premières découvertes, le 16 avril 1868, à Paris.

Huit ans après la publication de De l’Homme antédiluvien et de ses œuvres, de Jacques Boucher de Perthes, neuf ans après celle de l’Origine des espèces, de Charles Darwin, douze ans après la découverte de l’homme de Neandertal, celle des « troglodytes du Périgord », qui vont bientôt et pour longtemps donner le nom de Cro-Magnon à l’homme moderne, Homo sapiens sapiens, vient bousculer l’espace du débat public et scientifique. Tranchant la controverse opposant défenseurs du créationisme et du transformisme, elle alimente le débat qui oppose partisans du progrès social et partisans de l’inégalité – racisme, eugénisme, ségrégationnisme et libéralisme –, mené tambour battant par Herbert Spencer et Francis Galton dans le contexte de la montée du capitalisme, du bellicisme et du colonialisme européen, états-unien et japonais qui aboutiront au partage de l’Afrique, à la destruction des dernières sociétés indiennes des plaines nord-américaines, ainsi qu’à la mise sous coupe réglée de l’Asie du Sud-Est – après celle de l’Inde et de la Chine par l’Empire britannique –, dans les années qui suivront. Un acte de naissance qui nous alerte sur les récupérations toujours possibles et toujours aux aguets qui menacent, du côté des idéologies du pouvoir, notamment, à la recherche d’un fondement naturel à l’ordre social qu’il promeut et à ses injonctions, l’esprit des découvertes scientifiques dans ce domaine.

« Toutes les études convergent vers une origine africaine de l’homme »

« Cro-Magnon, à la différence de ce qui s’était passé pour Neandertal, arrive à un moment où l’ancienneté de l’homme a été reconnue », explique Pascal Semonsut (2). « C’est la vedette, poursuit-il, parce qu’il est très ancien et que, contrairement à Neandertal, qui a été découvert chez ceux qui étaient considérés comme nos pires ennemis à l’époque, les Prussiens et les Allemands, Cro-Magnon a été découvert dans notre belle province française. »

Cette rencontre de « l’intérêt politique et (de) la fierté nationale » avec « l’intérêt et la fierté scientifique » est un caractère récurrent concernant l’homme préhistorique, souligne le docteur en histoire et spécialiste de la représentation de la préhistoire, qui nous prévient sur le fait que « la préhistoire a toujours été en prise avec l’actualité et a toujours servi à autre chose qu’à la connaissance ».

Témoins de cette permanence, les polémiques actuelles qui exploitent, rejettent ou surinterprètent les découvertes scientifiques démontrant l’origine africaine de l’homme moderne ou encore sa forte unité génétique, l’une et l’autre alimentées par les diverses variantes du racisme et du chauvinisme.

« Avec la génétique et le séquençage complet du génome humain, on a montré qu’il n’existe qu’une différence d’un pour mille entre deux être humains. Nous sommes identiques à 99,99 % », explique Évelyne Heyer, biologiste spécialisée en anthropologie génétique. « Toutes les études convergent vers une origine africaine de l’homme, qui sort du continent il y a 70 000 à 100 000 ans », souligne-t-elle : « Plus on s’éloigne de l’Afrique, plus la diversité génétique diminue du fait d’une colonisation de la planète par effet fondateur successif. À chaque fois, c’est un petit groupe qui part d’un autre groupe et donc qui n’emmène qu’une partie de la diversité génétique, fait qui a été renforcé par des échanges de proche en proche qui ont toujours eu lieu entre les populations humaines voisines. »

Si les dates qui indiquent ces événements semblent très éloignées, il n’en est rien sur le plan biologique. « La théorie d’une origine multiple de l’homme moderne, sur la base de l’évolution locale d’Homo erectus, sortis d’Afrique il y a plus d’un million d’années, qui ont donné les hommes de Neandertal en Europe, les hommes de Denisova en Asie ou d’autres encore, a été tranchée par la génétique », explique celle qui a dirigé l’édition du livre collectif Une belle histoire de l’Homme (3). « L’origine africaine récente de l’homme moderne signifie nettement, précise-t-elle encore, que les premiers Européens étaient noirs, la couleur de peau noire étant une adaptation à l’ensoleillement sélectionnée préférentiellement dans les régions fortement ensoleillées comme les zones tropicales et la couleur de peau claire, une adaptation aux ensoleillements plus faibles, les dernières données d’ADN anciens semblant montrer que les sélections pour les couleurs de peau plus claires seraient assez récentes. »

Concernant la propension à fonder, en préhistoire ou en nature, l’idéologie de la concurrence, de la compétition, de l’élitisme et de la « lutte de tous contre tous » comme facteur de progrès historique porté par le libéralisme et le transhumanisme, Johan Hoebeke (4), biologiste spécialiste de la théorie de l’évolution et ancien chercheur au CNRS, alerte : « À partir de nos connaissances en neurosciences, paléoanthropologie, en éthologie ou sur la formation de la psychologie chez l’enfant, tout indique que nous sommes d’abord des êtres sociaux et non pas des êtres compétitifs, et que l’intelligence de l’homme est déterminée par son intelligence sociale. » Un fait corroboré par l’éthologie des primates ou encore les découvertes faites concernant l’homme de Neandertal, mises en valeur dans le cadre de l’exposition qui lui est actuellement consacrée au musée de l’Homme – voir notre édition du mercredi 28 mars.

« Lorsqu’on travaille sur les fractures, les blessures, les pathologies et les maladies des hommes de la préhistoire, Neandertal et Cro-Magnon, on s’aperçoit que beaucoup ont été soignés et que même des handicapés de naissance sont morts très vieux pour l’époque », explique Marylène Patou-Mathis (5), qui souligne en outre que si « ces faits traduisent l’existence d’une entraide et d’une solidarité entre eux, ils ne signifient pas que celle-ci ne soit pas plus ancienne et applicable aux Homo erectus ou aux Homo habilis, pour qui la démonstration est compliquée du fait que nous n’avons pas ou peu de matériaux. » « Nous sommes trop marqués par le paradigme qui a été imposé au XIXe siècle d’une progression linéaire de l’humanité, mais aussi par les projections que nous pouvons faire sur le passé », insiste la préhistorienne spécialiste des comportements des néandertaliens : « L’histoire montre que tout est buissonnant. »

Découverts dans une sépulture, accompagnés de littorines percées ayant servi de parures et dans une région particulièrement riche en vestiges pariétaux – grottes de Lascaux, de Font-de-Gaume, des Combarelles, de Cap Blanc, de Castel Merle et de Bara-Bahau –, les hommes de Cro-Magnon nous interpellent particulière- ment par leur activité culturelle.

« Il y a tout un débat sur l’ancienneté des comportements symboliques de l’homme, mais c’est à l’homme moderne, à Homo sapiens sapiens, que l’on doit ce foisonnement de l’expression artistique dont témoignent les grottes ornées qui, pour les plus anciennes, datent de 40 000 ans », explique Patrick Paillet (6). « C’est cet homme qui, en utilisant la roche et l’os comme supports de son expression et non plus des matériaux labiles, s’est donné les moyens de défier le temps », souligne le chercheur au Muséum national d’histoire naturelle.

Une initiative qui, à la manière des grands mouvements architecturaux et picturaux de l’histoire, fait signe vers nous à travers les siècles, comme un tutoiement ouvert à l’énigmatique de l’homme, tel l’étrange oiseau blanc tenant en sa patte un lézard du tableau de Gauguin représentant – Eu haere ia oe ? Où vas-tu ? – « la futilité des mots ».

(1) Situé à deux pas du lieu de découverte, le musée de l’Abri Cro-Magnon des Eyzies- de-Tayac en Dordogne, se visite d’avril à novembre. www.abri-cromagnon.com. À signaler également l’exposition « Vous avez dit Cro-Magnon ? » visible jusqu’au 25 avril 2018 au musée d’Art et d’Archéologie du Périgord de Périgueux - http://www.perigueux-maap.fr. (2) Le Passé du fantasme – La représentation de la préhistoire en France dans la seconde moitié du XXe siècle (1940-2012), Actes Sud, Éditions Errance, 2013. (3) Une belle histoire de l’Homme, Flammarion, 2015. (4) De Supersamenwerker, 2016, éditions EPO. (5) Neandertal de A à Z, Allary Éditions, 2018. (6) Qu’est-ce que l’homme de l’art préhistorique ?, 2018, éditions du CNRS.

Histoire. Papon, deuxième vie d’un collabo

Publié le 06/04/2018 à 19:38 par andrenicolas Tags : image vie france photo histoire mode news cadres roman
Histoire. Papon, deuxième vie d’un collabo
Histoire. Papon, deuxième vie d’un collabo
Grégory Marin
Mardi, 3 Avril, 2018
L'Humanité

Maurice Papon, ancien préfet sous l’occupation allemande, sortant du tribunal de Bordeaux, le 9 octobre 1997, avant d’être transféré à la prison de Gradignan. F. Guillot/AFP
 

Il y a 20 ans, la justice condamnait l’ancien préfet de Bordeaux sous Vichy, pour crime contre l’humanité. Il avait servi avec le même zèle de Gaulle, Pompidou et Giscard.

Lorsque la salle de la cour d’assises de Bordeaux se lève, ce 2 avril 1998, c’est pour entendre le verdict de six mois d’un procès historique qui avait démarré en octobre 1997. Maurice Papon, ancien préfet sous l’occupation allemande puis sans discontinuer sous de Gaulle, et ancien ministre sous Valéry Giscard d’Estaing, est condamné à dix ans de prison pour crime contre l’humanité. Secrétaire général de la préfecture de Gironde entre 1942 et 1944, il est reconnu coupable d’avoir participé à la déportation vers Auschwitz de 1 690 juifs. Dans cette affaire, c’est non seulement la France de Vichy qui est jugée, mais également la machine à recycler gaulliste, non-complice du crime initial, mais fautive d’en avoir assuré et assumé l’oubli.

C’est le rescapé d’une rafle bordelaise qui a réveillé la justice. Michel Slitinsky a fourni au Canard enchaîné des documents dénichés par l’historien Michel Bergès, signés de la main de Maurice Papon, montrant sa responsabilité dans la préparation de convois de prisonniers juifs à destination des camps d’extermination allemands. Lorsque l’hebdomadaire les publie, le 6 mai 1981, Papon est ministre du Budget de Giscard et député. Dès le lendemain, l’avocat Serge Klarsfeld, au nom de l’Association des fils et filles des déportés juifs de France, estime qu’il « en a fait plus que le policier de base qui arrêtait les juifs ou le simple gendarme qui escortait les convois ». Il l’encourage à « démissionner de son poste de ministre pour marquer ainsi qu’il reconnaît les faits et la part de responsabilité de Vichy et de son administration dans la Solution finale ». Mais il faudra attendre dix-sept ans, après la première plainte pour « crime contre l’humanité » en décembre 1981, pour que cette histoire soit reconnue.

Sa responsabilité dans la répression  des Algériens le 17 octobre 1961

C’est que Maurice Papon n’est pas n’importe qui. Avant même d’être ministre du Budget de Raymond Barre, le petit secrétaire général de la préfecture de Gironde est devenu un préfet de premier plan. Il faut dire que, dans la confusion de l’établissement des autorités françaises provisoires, et malgré l’avis très défavorable du Comité départemental de libération (CDL) de Gironde, rédigé en octobre 1944, il avait été confirmé, par décret de De Gaulle, « préfet de troisième classe ». Le CDL écrivait pourtant que le fonctionnaire « avait bénéficié d’un avancement d’autant plus suspect que sa nomination avait été effectuée par monsieur Laval » et qu’il « est apparu comme étant très attaché à la politique de Pétain »... Qu’importe, le général lui avait délivré un brevet de respectabilité…

On retrouve donc Papon en serviteur zélé de l’État gaulliste à la tête de la préfecture de Paris, en plein « événements d’Algérie ». L’État a depuis reconnu la « sanglante répression » du 17 octobre 1961, qui a fait au bas mot 98 morts selon les historiens Benjamin Stora et Linda Amiri, mais en 1998, ses instigateurs n’admettent pas ce « tableau polémique et évidemment et exclusivement orienté contre (ma) personne », dira Papon lors de l’examen de son parcours au procès. « Des brutalités ? Peut-être », dira-t-il encore. Mais « aucun de ces méfaits n’est imputable à la préfecture de police ». D’ailleurs, quand, fin 1997, le tribunal demande s’il y a eu enquête et sanctions, il s’enferre : « J’ai institué une tradition. C’est que, au sein d’une même famille, on règle ses comptes ensemble… » À la barre, le défilé d’anciens cadres gaullistes, étiquetés UDR, RPR ou UDF, en témoigne, même si, en 1988, François Mitterrand, dont on n’a pas encore relevé l’amitié avec le chef de la police de Vichy, René Bousquet, qualifiait lui aussi l’affaire Papon de « règlement de comptes ».

Peu ont connu Maurice Papon pendant ou directement après la guerre, mais son avocat Jean-Marc Varaut enchaîne les témoins de moralité, comme Alain de Boissieu, le gendre du général ; Raymond Barre, qui l’avait proposé comme ministre à Giscard, et selon lequel « en 1976, (sa) réputation était excellente », ou l’ancien ministre des Armées Pierre Messmer, qui viendra dire que « cinquante-cinq ans après les événements, le temps est venu où les Français pourraient renoncer à se haïr et commencer à se réconcilier ». Pour justifier cette réconciliation franco-française, Maurice Druon, coauteur du Chant des partisans et ancien ministre de la Culture de Pompidou, ira jusqu’à risquer l’incident diplomatique : « À qui va profiter ce procès ? À l’Allemagne et rien qu’à l’Allemagne ! (…) Alors, les fils des victimes deviendront les alliés des fils des bourreaux ! »

« Je veux bien me repentir, mais de quoi ? De quelle faute ? » avait lâché Papon, sûr de puissants soutiens. Même les documents à en-tête du secrétariat général de la préfecture de Gironde demandant « l’arrestation immédiate des juifs ci-après désignés » ne l’ont pas ému. Alors qu’il disait pour se défendre reconnaître comme « légitime » « le Comité provisoire de libération nationale présidé par le général de Gaulle », il n’avait pas dû écouter les émissions de Radio Londres dénonçant les camps d’extermination : « Il faut que chaque fonctionnaire français comprenne qu’il se rend complice d’un crime. » Trois ans avant le procès, Jacques Chirac avait prononcé un poignant discours, au Vél’d’Hiv, reconnaissant la responsabilité de la France, « qui n’est pas un pays antisémite », dans la déportation des juifs :« N’acceptons pas d’être les témoins passifs, ou les complices, de l’inacceptable. »

Histoire. Le premier poilu identifié par son ADN

Publié le 22/02/2018 à 00:24 par andrenicolas Tags : image chez photo société histoire mode fille sur news pensée roman
Histoire. Le premier poilu identifié par son ADN
Histoire. Le premier poilu identifié par son ADN
Laurent Mouloud
Lundi, 19 Février, 2018
L'Humanité

Des ossements de trois poilus sur le chantier du mémorial de la Grande Guerre. Franck Lallemend/L’Est Républicain/MAXPPP
 

Un siècle après avoir disparu dans la bataille de Verdun, le sergent Claude Fournier, premier soldat de 1914-18 identifié génétiquement, sera inhumé mercredi.

Les ossements auraient pu rester dans l’anonymat, comme ces dizaines de milliers d’autres ensevelis depuis un siècle dans la terre de la Meuse. Mais la pugnacité de quelques passionnés en a décidé autrement. Au terme de recherches dignes d’une investigation policière, utilisant pour la première fois l’analyse ADN, ces acharnés sont parvenus à redonner son identité au sergent Claude Fournier, tombé lors de la bataille de Verdun, mais aussi à retrouver sa descendance ainsi que les traits de son visage.

L’histoire de cette incroyable investigation a débuté le 6 mai 2015. Lors de travaux au Mémorial de Fleury-devant-Douaumont, une pelleteuse creuse la glaise et met au jour trois squelettes complètement enchevêtrés. Sont extraits également des godillots cloutés, des baïonnettes Rosalie, des balles Lebel « luisantes », un casque Adrian et une fiole de Ricqlès exhalant encore une odeur de menthe. Le médecin légiste Bruno Frémont insiste pour qu’on inspecte aussi le tas de terre évacué à 200 mètres de là. Coup de chance, une minuscule plaque d’identité militaire, en zinc et aluminium, y est découverte. Elle appartient à Claude Fournier, incorporé en 1900 à Mâcon.

Les archives révèlent que ce sergent, né le 27 novembre 1880 à Colombier-en-Brionnais (Saône-et-Loire), et décoré pour acte de bravoure, appartenait au 134e régiment d’infanterie. Il a été « tué à l’ennemi » devant Douaumont le 4 août 1916 à l’âge de 35 ans. Les données morphologiques de la fiche matricule semblent correspondre à l’un des trois squelettes retrouvés. Le maire de Colombier-en-Brionnais, Jean-Paul Malatier, se met alors en quête de la descendance du malheureux. Une octogénaire, Claudia Palluat-Montel, pense être apparentée à la famille Fournier, qui a quitté la commune bien avant 1914. L’enquête avance. Avec l’aide des Anciens Combattants et du Souvenir français, ils découvrent que Claude Fournier fut auparavant jardinier du côté de Lyon, marié à Marguerite et père d’une fille, Antoinette, née en 1910. Surtout, ils identifient un petit-fils encore vivant : Robert Allard, 75 ans, résidant sur la Côte d’Azur. Des analyses génétiques, autorisées par le ministère de la Défense, confirment le lien de parenté entre le sergent Fournier, Claudia Palluat-Montel et Robert Allard. « C’est la première fois qu’on identifie par son ADN un soldat français de la guerre 1914-18 », souligne le docteur Frémont.

Reste à mettre un visage sur le glorieux ancêtre. Les lettres et photographies du poilu, conservées par Robert Allard, ont été emportées par des inondations en 2015. Qu’importe : l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale accepte de procéder à une reconstitution faciale du soldat, un acte inédit pour ces experts. À partir du crâne et des données génétiques, quatre portraits-robots sont réalisés avec barbe, moustaches et coiffure différentes. Et ont pu être comparés à un cliché d’un groupe de soldats parmi lesquels le sergent Fournier, déniché dans un carton chez Claudia Palluat-Montel… Mission accomplie. « Sur le plan scientifique et historique, c’est une réussite. Sur le plan humain, c’est quelque chose de superbe pour Robert Allard qui va avoir une sépulture pour son grand-père », se réjouit le Dr Frémont.

Le sergent Claude Fournier sera inhumé mercredi dans la nécropole nationale de Douaumont, en présence de son petit-fils. « J’assisterai à la cérémonie par devoir filial, pour mon grand-père, un héros parmi tant d’autres héros, et par extension pour tous les soldats de 1914-18 », dit-il. Ce jour-là, il aura également une pensée pour sa mère. Morte en 2011, à 101 ans, elle avait toujours regretté de ne pas savoir où avait été enterré son père et n’en avait que des souvenirs confus. Une mémoire désormais ressuscitée.

En lien

Consultez le registre de généalogie des Poilus sur http://www.culture.fr/Genealogie/Grand-Memorial

Chef de la rubrique société
 
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